Blackout en Espagne : le mystère demeure sur son origine

À ce stade, les investigations dévoilent un problème de surtension ayant conduit à la panne, mais ne permettent pas encore d’en identifier la cause première.

Blackout en Espagne : le mystère demeure sur son origine
« La panne d’électricité la plus grave qu’ait connue l’Europe au cours des vingt dernières années fut une première du genre. » @Getty Images/canva

« Un tel incident ne s’était jamais produit auparavant en Europe, nous en sommes certains ! » En présentant le deuxième rapport sur la méga-panne électrique qui a semé le chaos en Espagne et au Portugal en avril dernier, Damian Cortinas, président du conseil de l’ENTSO-E, s’est montré catégorique : « La panne d’électricité la plus grave qu’ait connue l’Europe au cours des vingt dernières années fut une première du genre. »

Les attentes autour de ce nouveau rapport étaient donc particulièrement élevées — sans doute trop — au vu des zones d’ombre qui persistent dans le travail mené par le panel de 45 experts européens mandatés pour comprendre l’origine de l’incident survenu le 28 avril à 12 h 33 (heure espagnole). À ce stade, les investigations dévoilent un problème de surtension ayant conduit à la panne, mais ne permettent pas encore d’en identifier la cause première.

« Il s’agit d’une analyse d’une grande complexité technique, nécessitant un travail scientifique d’une grande rigueur », explique Nicolas Charton, directeur général chez E-CUBE Strategy Consultants. « Le rapport a toutefois pu retracer la séquence des événements : le système électrique a connu deux épisodes importants de fluctuations de puissance et de tension. Bien qu’ils soient restés dans les limites tolérées, certaines productions se sont déconnectées sans raison identifiée à ce stade. S’en est suivi un effet domino où d’autres unités se sont déconnectées sans pouvoir être compensées par des délestages. Cette situation a conduit à l’effondrement complet du système électrique de la péninsule », poursuit l’expert.

Le rapport du mois d’octobre n’établit aujourd’hui aucun lien entre leur caractère renouvelable et l’incident.

Problèmes purement techniques

Pourquoi les mécanismes destinés à atténuer cette surtension n’ont-ils pas fonctionné ? Cela demeure l’un des principaux mystères non élucidés. Le rapport écarte plusieurs hypothèses, notamment celle d’une cyberattaque ou d’un incident technique évident — comme lors du blackout en Italie en 2003, provoqué par un arbre tombé sur une ligne 400 kV. Il confirme également que la panne généralisée « n’a pas été causée par une dépendance excessive aux énergies renouvelables », contrairement à ce que certaines analyses ont pu laisser entendre.

« Certes, les premières centrales à se déconnecter étaient, selon le rapport, des installations solaires ou éoliennes. Cependant, le rapport du mois d’octobre n’établit aujourd’hui aucun lien entre leur caractère renouvelable et l’incident. On peut ajouter que la séquence d’événements se concentre sur des paramètres techniques — notamment la tension — qui ne sont pas propres aux énergies renouvelables », précise Nicolas Charton.

Il faudra donc encore faire preuve de patience pour connaître l’origine du blackout. « Comme dans l’aéronautique, il est important de réaliser qu’analyser les “boîtes noires” demande du temps — puis de mettre en œuvre les recommandations en acceptant le coût lié », rappelle le directeur d’E-CUBE.

Le groupe d’experts annonce qu’il publiera son rapport final au premier trimestre 2026. Celui-ci devrait inclure une analyse détaillée des causes profondes de l’incident, ainsi que des recommandations visant à prévenir des événements similaires dans le système électrique européen à l'avenir.

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