Infrastructures énergétiques en Suisse : défis et enjeux d’une transition incontournable

« La Suisse est engagée dans une transition énergétique ambitieuse. Fondé sur l’électrification croissante de notre société, ce changement impose une modernisation en profondeur des infrastructures énergétiques du pays », explique Thomas Lier, responsable du GEFISWISS Energy Transition Fund.

Infrastructures énergétiques en Suisse : défis et enjeux d’une transition incontournable
Thomas Lier, Responsable du fonds d'infrastructure GEFISWISS Energy Transition Fund (GETF) chez GEFISWISS

Face aux aléas climatiques, l’intermittence des énergies renouvelables impose des solutions capables d’absorber les surplus de production et de les redistribuer lors des périodes de forte demande.

Depuis longtemps, la Suisse s’appuie sur ses barrages alpins pour équilibrer son réseau électrique grâce au pompage-turbinage. L’actuelle dynamique d’une production plus décentralisée et intermittente nécessite des solutions de gestion subsidiaires. Les batteries sont largement utilisées, mais présentent des limites en termes de capacité, de coût et de durée de stockage.

D’autres alternatives émergent, notamment l’hydrogène vert et la recharge bidirectionnelle des véhicules électriques. Cette dernière technologie permet aux voitures non seulement de se recharger, mais aussi d’injecter l’électricité stockée dans leurs batteries vers le réseau ou le domicile.

Ainsi, les véhicules électriques peuvent jouer le rôle de batteries mobiles, contribuant à la stabilité du réseau et à l’optimisation de la gestion énergétique. Des initiatives comme le projet « V2X Suisse » ont déjà démontré la faisabilité technique de cette approche, ouvrant la voie à une intégration accrue des véhicules électriques dans le système énergétique national.

Adapter les infrastructures existantes

L’électrification massive des bâtiments et des transports exige une adaptation des infrastructures existantes. L’essor des véhicules électriques impose notamment un déploiement rapide des bornes de recharge, tant dans les parkings privés que dans l’espace public.

De même, la rénovation énergétique du parc immobilier doit s’accompagner d’une refonte des réseaux de chauffage et de climatisation. La société suisse STEEN Sustainable Energy, par exemple, propose des solutions innovantes basées sur des boucles anergie couplées à des pompes à chaleur.

Ces réseaux à très basse température (0° - 10°C) permettent de mutualiser les rejets thermiques et d’assurer une production de chaleur et de rafraîchissement 100 % renouvelable, sans recours aux sondes géothermiques traditionnelles. Cette approche favorise le remplacement des installations individuelles fonctionnant aux énergies fossiles par des systèmes collectifs décarbonés.

Le photovoltaïque, quant à lui, permet d’alimenter bâtiments, bornes de recharge et infrastructures thermiques en électricité renouvelable locale. Il renforce l’efficacité de cet écosystème énergétique décarboné et accroît son autonomie.

Concernant le photovoltaïque, notons l’arrivée d’une « prime de marché flottante », qui devrait sécuriser les investissements dans de grandes installations.

Réglementations et incitations

Les évolutions réglementaires jouent un rôle central dans le développement de nouvelles infrastructures énergétiques en Suisse. Le Mantelerlass, adopté à 68,72% par le peuple en 2024, vise à renforcer la sécurité de l'approvisionnement en électricité tout en promouvant les énergies renouvelables.

Parmi les mesures phares, on retrouve l’introduction d’une réserve hydroélectrique obligatoire pour assurer la disponibilité d’électricité en hiver, ainsi que la possibilité d’une tarification dynamique. Celle-ci vise à influencer le comportement des consommateurs en faisant varier les prix au cours de la journée et/ou des saisons, limitant ainsi le renforcement du réseau et la nécessité de solutions de stockage additionnelles.

Concernant le photovoltaïque, notons l’arrivée d’une « prime de marché flottante », qui devrait sécuriser les investissements dans de grandes installations. Un nouveau bonus de subvention est également prévu pour les installations verticales et celles situées sur des aires de stationnement. Par ailleurs, de nouvelles formes de regroupements de consommateurs voient le jour, notamment les RCP virtuelles et les Communautés Électriques Locales (CEL), qui permettent de partager l’électricité produite localement.

Ces incitations sont toutefois atténuées par une baisse des « tarifs de reprise », c’est-à-dire la rétribution des excédents de production injectés dans le réseau. C’est pourquoi la branche anticipe un ralentissement du déploiement national du photovoltaïque en 2025.

L’un des principaux arguments justifiant cette diminution est que des tarifs de reprise incitatifs reviendraient à subventionner les propriétaires aux dépens des locataires, ces derniers ne pouvant pas investir dans leur propre installation. Or, les locataires peuvent en réalité accéder à une électricité photovoltaïque à tarif préférentiel en rejoignant un regroupement de consommateurs et peuvent également investir dans une installation via des coopératives solaires.

En bénéficiant tant aux locataires qu’aux propriétaires, une révision à la hausse de ces tarifs apparaîtrait dès lors socialement équitable et souhaitable pour maintenir une dynamique en phase avec les objectifs de la Confédération.

Des fonds dédiés à la transition énergétique offrent aux investisseurs institutionnels des opportunités stratégiques pour financer le développement et l’exploitation d’infrastructures décarbonées.

L'engagement suisse en faveur d'une énergie décarbonée

En janvier 2025, l’administration Trump a annoncé, pour la seconde fois, le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat. Cette décision pourrait fragiliser les efforts mondiaux visant à limiter le réchauffement climatique et compromettre les objectifs fixés.

Paradoxalement, ce retrait pourrait inciter la Suisse à accélérer sa propre transition énergétique et à intensifier ses investissements dans les énergies renouvelables ainsi que dans les technologies vertes locales, consolidant ainsi sa position de leader en matière de durabilité.

Dans ce contexte, des fonds dédiés à la transition énergétique offrent aux investisseurs institutionnels des opportunités stratégiques pour financer le développement et l’exploitation d’infrastructures décarbonées. Axés notamment sur les réseaux de chauffage à distance, la production et le stockage d’énergie renouvelable, ces véhicules d’investissement bénéficient d’un accès privilégié à des portefeuilles de projets ciblés. Ils allient rendement prévisible à long terme, faible sensibilité aux cycles économiques et protection contre l’inflation, tout en contribuant activement aux objectifs de décarbonation de la Suisse. 

Le 29 janvier 2025, le Conseil fédéral a réaffirmé son engagement en faveur de la transition énergétique en entérinant un nouvel objectif de réduction des gaz à effet de serre pour la Suisse. D’ici 2035, le pays devra réduire ses émissions de CO₂ d’au moins 65 % par rapport à leur niveau de 1990 et de 59 % en moyenne entre 2031 et 2035. Ces objectifs, plus stricts que ceux de la période précédente, devront être atteints en priorité par des mesures mises en œuvre sur le territoire national.

Cette transition exige une refonte en profondeur des réseaux, des mécanismes de financement adaptés et une coopération étroite entre investisseurs, opérateurs et autorités publiques. La modernisation des infrastructures énergétiques constitue un enjeu central et repose sur une approche globale combinant innovation technologique, évolutions réglementaires et engagement des acteurs du secteur.

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