Franco-américaine de 28 ans, la chercheuse de l’EPFZ a été récompensée pour sa méthode permettant de récupérer de manière plus propre, simple et durable l’europium, un métal critique utilisé dans les lampes fluorescentes et les écrans. Portrait.
Entretien avec Ronny Kaufmann, directeur général de Swisspower, une alliance stratégique représentant 19 services industriels municipaux et entreprises régionales du secteur de l'approvisionnement en Suisse.
Le fermage solaire de Local Energy : un nouveau levier pour décarboner l'immobilier
Analyse des superficies, planification et direction des travaux, monitoring, entretien, facturation de l’énergie aux locataires… la société Local Energy s’occupe de tout. « Nous aimons nous définir comme une sorte de régie énergétique », explique son directeur, Richard Mesple.
Analyse des superficies, planification et direction des travaux, monitoring, entretien, facturation de l’énergie aux locataires… Local Energy s’occupe de tout. @Local Energy
Au tournant du XXe siècle, la Suisse voit apparaître ses premières gérances immobilières en tant qu’activité professionnelle structurée. À la même époque, dans les grandes villes du pays comme Genève, Zurich ou Bâle, les premiers réseaux électriques commencent à se déployer. Qu’elles soient publiques ou privées, une centaine d’entreprises voient alors le jour, chargées de développer et d’entretenir les infrastructures électriques nationales.
Aujourd’hui encore — sans compter Swissgrid, en charge du transport —, le pays compte plus de 600 gestionnaires de réseau de distribution (GRD) actifs. « Le grand problème est que tout le réseau a été conçu et construit pour ne fonctionner que dans un seul sens : celui d’une production centralisée, à partir d’un site unique et de grande taille, comme une centrale nucléaire ou un barrage, avant d’être redistribuée. Or, avec les énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire, cette logique ne tient plus », explique Richard Mesple, directeur de Local Energy, une société spécialisée dans ce qu’elle a baptisé le « fermage solaire ».
Une régie énergétique
Depuis quelques années, cette entreprise joue — d’une certaine manière — sur les deux tableaux. « La comparaison avec un GRD n’a pas vraiment lieu d’être. Nous préférons nous définir comme une sorte de régie énergétique. Si les gérances classiques ont pour tâche de gérer les appartements, et les GRD celle d’y distribuer de l’électricité, nous, nous prenons en charge toutes les questions énergétiques au sein d’un même immeuble », explique son directeur, reconnu pour sa solide expérience dans le domaine des énergies renouvelables.
Avant de reprendre la direction de Local Energy en 2020, Richard Mesple a fait ses premières armes en fondant MW-Line SA, la société à l’origine de « Sun21 », le premier bateau solaire motorisé à avoir traversé l'Atlantique en 2007. Pendant une décennie, il a également dirigé SI-REN SA, une société d’investissement énergétique détenue par la Ville de Lausanne et active dans le solaire, l’éolien, la biomasse et la géothermie profonde.
Depuis cinq ans, avec Local Energy, l’entrepreneur vaudois poursuit sa route dans le domaine des énergies renouvelables, avec toutefois une mission un peu différente : trouver et développer des solutions énergétiques destinées à participer à la décarbonisation du parc immobilier suisse en simplifiant la vie des propriétaires. « Nous nous sommes rendu compte que les thèmes liés à l’énergie étaient encore très opaques et, en particulier dans le domaine du photovoltaïque, source de confusion pour les experts de l'immobilier », raconte-t-il.
Avant de reprendre la direction de Local Energy en 2020, Richard Mesple a fait ses premières armes en fondant MW-Line SA, la société à l’origine de « Sun21 », le premier bateau solaire motorisé à avoir traversé l'Atlantique en 2007. @Local Energy
L’atout du fermage solaire
« Vous avez une toiture, nous vous apportons un rendement financier. » C’est avec ce slogan, à la fois simple et volontairement provocateur selon son directeur, que la société s’adresse aux propriétaires intéressés — mais hésitants — à investir dans l’installation de panneaux solaires.
Première particularité du modèle de Local Energy : le propriétaire reste détenteur de son installation photovoltaïque, même si tout est pris en charge par la jeune entreprise. Analyse des superficies, planification et direction des travaux, monitoring, entretien, facturation de l’énergie aux locataires… elle s’occupe de tout. En contrepartie, elle devient propriétaire et tributaire de l’énergie produite par les panneaux concernés.
« Cette solution nous permet d’éviter de tomber dans un rapport de contracting solaire — ce modèle contractuel dans lequel le propriétaire cède l’usage de sa toiture à une entreprise spécialisée, qui y installe des panneaux pour produire de l’énergie solaire (avec le risque de s’exposer aux fluctuations fréquentes des tarifs) et crée ainsi une servitude. Pour le propriétaire, le fermage solaire représente un gage de sécurité sur le long terme, ainsi qu’une source supplémentaire de rendement », assure Richard Mesple.
« Nous nous sommes rendu compte que les thèmes liés à l’énergie étaient encore très opaques et, en particulier dans le domaine du photovoltaïque, source de confusion pour les experts de l'immobilier », explique Richard Mesple, directeur de Local Energy
Durant les trois prochaines décennies, Local Energy s’engage à verser aux propriétaires des toitures et installations un intérêt annuel compris entre 4 % et 8 % de leur investissement initial (hors subventions). « Nous nous sommes inspirés du fermage agricole, ce modèle où les communes permettent aux agriculteurs d’exploiter un terrain en échange d’une rémunération fixe », explique son directeur.
Ce fermage solaire pousse l’entreprise à être particulièrement vigilante quant à la qualité et à l’exécution de chaque étape — de l’installation à l’exploitation des panneaux —, ses revenus étant directement liés à l’énergie produite. Un travail d’autant plus exigeant que chaque immeuble a sa propre histoire et qu’il est difficile de standardiser un modèle applicable à tous.
À noter que le propriétaire n’est pas le seul bénéficiaire de ce modèle, puisqu’il offrirait également aux locataires des immeubles concernés la garantie de profiter d’un kilowattheure solaire moins cher que celui du réseau. D’ici quelques trimestres, l’entreprise prévoit par ailleurs d’équiper ses installations de batteries de stockage afin de conserver l’énergie solaire excédentaire produite durant la journée, et ainsi parvenir à un meilleur équilibre entre l’offre et la demande d’électricité.
Filiale de Realstone Holding, la société est déjà présente sur les toits d’une cinquantaine d’immeubles à travers toute la Suisse (ce qui représente une centaine de petite centrales photovoltaïques sous fermage). @Local Energy
Une énergie de plus en plus locale
Comme son nom l’indique, Local Energy anticipe déjà qu’une part croissante de notre avenir énergétique sera consommée localement. Appelées Communautés d’énergie locale (CEL) ou Regroupements pour la consommation propre virtuel (RCP), ces nouvelles structures devraient se multiplier dans les années à venir suivant notamment l’essor des capacités photovoltaïques en Suisse.
Visant à mutualiser la production d’électricité entre plusieurs foyers ou bâtiments, et à optimiser l’utilisation de l’énergie solaire à proximité immédiate de son lieu de production, ces communautés solaires constituent une solution concrète pour renforcer l’autonomie énergétique et accélérer la transition vers les énergies renouvelables.
Cette transformation du parc immobilier et énergétique pourrait favoriser les intérêts de la jeune entreprise, son modèle nécessitant des surfaces importantes pour être rentable (au minimum 400 m²). Filiale de Realstone Holding, la société est déjà présente sur les toits d’une cinquantaine d’immeubles à travers toute la Suisse (ce qui représente une centaine de petite centrales photovoltaïques sous fermage). Selon son directeur, près d’un million de bâtiments dans le pays pourraient bénéficier de leur solution et de leur expertise. De quoi assurer un bel avenir au fermage solaire.
Franco-américaine de 28 ans, la chercheuse de l’EPFZ a été récompensée pour sa méthode permettant de récupérer de manière plus propre, simple et durable l’europium, un métal critique utilisé dans les lampes fluorescentes et les écrans. Portrait.
Entretien avec Ronny Kaufmann, directeur général de Swisspower, une alliance stratégique représentant 19 services industriels municipaux et entreprises régionales du secteur de l'approvisionnement en Suisse.