La disparité des impacts environnementaux entre les différents pays est désormais largement reconnue. Cependant, il est encore difficile d'en déterminer une responsabilité spécifique, une équation qu'une étude publiée dans la revue « Nature » a tenté de résoudre.
« Après la COP29, les pays les plus pauvres du Sud sont repartis abasourdis par le refus du Nord de pratiquer une forme de justice climatique. En Suisse, le débat sur sa mise en œuvre ne fait que commencer », estime Delia Berner, experte en politique climatique internationale chez Alliance Sud.
Chaque mois, nous interrogeons différents secteurs et professions sur des thématiques spécifiques.
Pour ce mois de novembre, nous sommes aller toquer à la porte des promoteurs et grands groupes immobiliers pour avoir leur point de vue sur une thématique particulièrement sensible ces jours à Berne : celle des subventions destinées à l'assainissement des bâtiments.
Les réponses de Gérard Greuter, Responsable de la transition énergétique de l'immobilier à Retraites Populaires.
Un groupe d’experts nommé par le Conseil Fédéral propose de réduire drastiquement les subventions pour l'assainissement des bâtiments. Comment accueillez-vous cette idée ?
En tant qu’acteur institutionnel, Retraites Populaires investit dans l’immobilier à long terme. Ainsi, nous avons une solidité financière suffisante pour investir dans la rénovation de notre patrimoine immobilier sans devoir compter sur des subventions. À titre indicatif, les subventions se montent au maximum à 10 % des montants investis lors d’une rénovation classique.
Toutefois, pour les particuliers, la donne est différente car les subventions sont un véritable levier incitatif pour favoriser les rénovations énergétiques. Obtenir une subvention permet d’alléger de la facture finale et parfois de favoriser l’accès à l’emprunt. Il s’agit d’un mauvais signal envoyé par le Conseil fédéral. Si Berne veut soutenir la transition énergétique des propriétaires, il serait préférable de leur donner les moyens d’y parvenir.
Les experts argumentent que la plupart des solutions pour assainir sont déjà rentables et que, dans ce cas, les subventions ne font plus sens. Cet argument vous semble-t-il valable ?
Cet argument n'est pas recevable. En effet, les subventions concernent essentiellement l’isolation des murs, dont le retour sur investissement se compte sur plusieurs décennies, c’est-à-dire entre 30 et 40 ans. A court terme, les bénéfices sont essentiellement perçus par les locataires, usagers des locaux assainis. En ce sens, il serait difficile d’avancer l’argument du retour sur investissement.
Il s’agit d’un mauvais signal envoyé par le Conseil fédéral. Si Berne veut soutenir la transition énergétique des propriétaires, il serait préférable de leur donner les moyens d’y parvenir.
Sans ces subventions, faut-il redouter une forte hausse de la facture pour les locataires ?
La rénovation terminée, nous transmettons un décompte final aux différentes autorités vaudoises du logement qui se chargent de fixer une fourchette d’augmentation de loyer. Toute proportion gardée l’effet est marginal. Mais, encore une fois, l’effet psychologique envoyé aux locataires est différent.
Est-ce que cela pourrait mettre en péril les objectifs de neutralité carbone de 2050 de la Suisse ?
Pour un acteur institutionnel comme Retraites Populaires, nos objectifs restent inchangés. Toutefois, il est possible d’imaginer qu’un particulier propriétaire puisse retarder voire cesser la rénovation de son bien en raison de cette prise de position du Conseil fédéral. Cette hypothèse apparaît d'autant plus réaliste que, rien que dans le Canton de Vaud, les subventions n’ont cessé d’augmenter afin d’accélérer la transition énergétique.
En tant que propriétaires, quels seraient les autres obstacles subsistant pour atteindre cette neutralité carbone ?
Nous observons une lenteur administrative dans les obtentions de différents permis. De plus ces lenteurs sont complétées par des surcoûts liés à des exigences technico-administratives qui pourraient menacer certains projets. Sans oublier le manque de main d’œuvre. Tous les acteurs souhaitent rénover en même temps créant un véritable goulet d’étranglement et ce, à tous les niveaux. Je pense notamment au niveau de la main d’œuvre, des diverses fournitures ou des entreprises mandatées.
La disparité des impacts environnementaux entre les différents pays est désormais largement reconnue. Cependant, il est encore difficile d'en déterminer une responsabilité spécifique, une équation qu'une étude publiée dans la revue « Nature » a tenté de résoudre.
« Après la COP29, les pays les plus pauvres du Sud sont repartis abasourdis par le refus du Nord de pratiquer une forme de justice climatique. En Suisse, le débat sur sa mise en œuvre ne fait que commencer », estime Delia Berner, experte en politique climatique internationale chez Alliance Sud.