SwissPowerShift : Avenir et fêtes de fin d'année
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Entretien avec Marc Bürki, CEO de Swissquote
Ce mois de décembre se profile comme celui de la finance « verte ». Ce thème est au cœur de Building Bridges à Genève, un événement majeur qui rassemblait cette semaine des conférenciers venus des quatre coins du globe. L'édition 2024 s'est tenue dans une réalité particulièrement complexe, car la finance verte n'a pas trop le vent en poupe de nos jours. Derrière les beaux discours, les actes apparaissent parfois moins glorieux.
Après un déclin des investissements durables observé aux États-Unis en début d'année, la Suisse fait face à un ralentissement similaire. Un institut de recherche en finance basé à Zoug a constaté que la croissance des flux financiers en faveur des fonds de placement respectant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) n'était actuellement plus suffisante pour rattraper celle des fonds traditionnels. Durant l'automne, la plateforme spécialisée Hazeltree révélait également que les plus grands hedge funds mondiaux préféraient parier contre les technologies « vertes » et le développement durable, tout en investissant à long terme dans les énergies fossiles.
Compte tenu du contexte, nous avons jugé opportun d'interroger les acteurs - petits et grands - de la finance sur leur relation à l'investissement durable. Les réponses de Marc Bürki, CEO de Swissquote.
Quelle est votre approche par rapport à la finance dite verte ?
Notre action en matière d'ESG est multiple. Depuis plus d'un an, nous fournissons des scores ESG pour tous les titres négociables sur Swissquote, comme l'illustre l'exemple de Tesla ci-dessous. Ces scores permettent à nos clients de faire des choix d'investissement éclairés. Par ailleurs, au sein de notre groupe bancaire, nous menons de nombreux projets visant à améliorer notre propre performance ESG.
Quelle est votre réaction quand vous entendez qu'une grande majorité des hedge funds préfère shorter leurs positions sur les énergies renouvelables au profit des énergies fossiles ?
Face à la préférence de certains hedge funds pour les positions courtes sur les énergies renouvelables au profit des énergies fossiles, je ressens une certaine ambivalence. Si je comprends la logique financière à court terme qui les motive, je m'inquiète des conséquences de cette stratégie sur la transition énergétique. En effet, privilégier les énergies fossiles, malgré leur impact environnemental négatif, peut freiner le développement des alternatives durables et aggraver le changement climatique.
Heureusement, il ne s’agit pas d’une tendance globale. En effet, certains hedge funds adoptent une stratégie inverse. In fine, il appartient à l'investisseur de choisir les fonds qui mettent en œuvre une stratégie de durabilité efficace.
En tant que société cotée en bourse, nous constatons que les exigences environnementales et sociales se renforcent d'année en année, ce qui est une bonne chose.
Comment adapter ses investissements dans une réalité aussi ambiguë ?
Précisément en étant sélectif avec ses investissements, il est tout à fait possible de marier performance boursière et score ESG élevé. Swissquote en est un bon exemple.
Cette actualité soulève une question fondamentale : le secteur financier est-il réellement prêt à sacrifier une partie de sa rentabilité pour le bien de la planète ?
Le secteur financier s'adaptera, en fin de compte, aux desiderata des clients. C'est à la société civile et surtout aux investisseurs de faire les efforts nécessaires pour systématiquement favoriser les entreprises et les produits financiers ayant un score ESG élevé. En tant que société cotée en bourse, nous constatons que les exigences environnementales et sociales se renforcent d'année en année, ce qui est une bonne chose.
Les critères ESG peinent de plus en plus à convaincre, faut-il en urgence établir de nouveaux standards ?
Oui, c’est vrai qu’on a l’impression d’un certain retour en arrière, une forme de désillusion par rapport aux efforts demandés et aux résultats mesurés. Les critères ESG, avec leur manque de standardisation, leur difficulté de mesure et une focalisation parfois excessive sur l'environnement, soulèvent des critiques. Une évolution des standards est nécessaire pour plus de clarté, de comparabilité et d'intégration des dimensions sociales et de gouvernance. De nouvelles normes, plus précises et harmonisées, permettraient une meilleure évaluation des performances ESG et favoriseraient une intégration stratégique de ces critères au sein des entreprises.