SwissPowerShift : Avenir et fêtes de fin d'année
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Selon Mathias Schlegel, porte-parole pour Greenpeace Suisse, « L’exploitation de la centrale argovienne va se poursuivre dans le déni des conventions internationales sur l'environnement signées par la Suisse. »
Mise en service le 15 décembre 1984, la centrale nucléaire de Leibstadt atteindra cette année les quarante ans d’activité. Cette date est cruciale, car elle marque la durée maximale initialement prévue pour cette installation, la plus « récente » encore en activité en Suisse. L’exploitation du réacteur à eau bouillante argovien se poursuivra malgré le non-respect des conventions internationales sur l'environnement signées par la Suisse, et continuera de dépendre fortement des importations d’uranium en provenance de Russie.
Pour pouvoir continuer son activité, Axpo, l’exploitant de la centrale, doit soumettre un concept d’exploitation à long terme à l’approbation de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN). Ce processus est malheureusement entaché d’irrégularités. En février dernier, des riverains de la centrale nucléaire ont interpellé le DETEC afin d’obtenir la réalisation d’une étude d’impact environnemental international. Ils s’appuient sur le droit international pour rappeler leur droit démocratique à être consultés. En tant que signataire des conventions d’Aarhus et d’Espoo, la Suisse s’engage à surveiller et à prévenir les impacts de ses installations industrielles sur l’environnement, au-delà de ses frontières nationales.
La Convention d’Espoo régule les activités industrielles dont l’impact sur « la santé et la sécurité, la flore, la faune, le sol, l'air, l'eau, le climat, le paysage et les monuments historiques ou autres constructions » peut dépasser les frontières nationales. La centrale de Leibstadt, située près de la frontière avec l’Allemagne, est donc particulièrement concernée par ce texte. La Convention d’Aarhus traite de la transparence et de l’accès à l’information concernant les activités potentiellement nocives pour l’environnement. Elle garantit notamment le droit à l’information des riverains d’installations industrielles sensibles, telles que les centrales nucléaires.
Une sortie programmée du nucléaire permettrait de réduire les risques et d’assurer une sécurité d’investissement pour la transition énergétique.
Dans une prise de position publiée en mai 2021, le Conseil fédéral estimait que les centrales nucléaires suisses pouvaient être exemptées des exigences posées par ces deux conventions internationales. Pour parvenir à cette conclusion, il s’appuie sur le fait que ces installations disposent d’une autorisation d’exploitation d’une durée illimitée et que l’approbation du concept d’exploitation à long terme ne constitue pas une prolongation de la durée d’activité. Avec ce prétexte, la Suisse contredit clairement l’esprit des conventions d’Aarhus et d’Espoo. D’autres pays, comme la Belgique, ont examiné avec beaucoup plus de précision les conséquences environnementales de l’activité de leur parc de réacteurs.
Suite au refus d’entrer en matière du DETEC concernant la demande des riverains, ces derniers viennent de déposer un recours auprès du Tribunal administratif fédéral. La réaction de l’administration fédérale dans ce dossier contraste avec la rapidité et la manière dont le conseiller fédéral Albert Rösti tente de relancer l’énergie nucléaire en Suisse. Il s’engage avec force dans des processus démocratiques pour supprimer l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires. En revanche, l’exploitation à long terme de la centrale nucléaire de Leibstadt semble ignorer les accords internationaux, les voix critiques et les droits démocratiques des citoyens.
La situation de Leibstadt est emblématique des errements de la politique nucléaire en Suisse. En l’absence de scénario clair pour la fermeture des centrales helvétiques, le pays maintient en exploitation le parc de réacteurs le plus âgé au monde.
L’absence de perspectives claires freine les efforts de décarbonation du système énergétique et le développement des énergies renouvelables. Une sortie programmée du nucléaire permettrait de réduire les risques et d’assurer une sécurité d’investissement pour la transition énergétique. Elle offrirait également à la Suisse l'opportunité de renforcer son indépendance, un avantage dont l’importance est devenue cruciale depuis le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine.
Dans la situation actuelle, la Suisse reste fortement dépendante des importations de combustible. Environ 45 % de l’uranium utilisé dans les réacteurs nucléaires suisses provient du géant russe Rosatom. Cela signifie que 15 % de la production d’électricité en Suisse dépend des relations commerciales avec la Russie.
Les importations d'uranium par la Suisse légitiment et financent en partie les opérations de Rosatom. L’entreprise russe est pourtant activement impliquée dans l’invasion de l’Ukraine menée par le pouvoir russe. Maintenir des relations commerciales avec Rosatom contribue ainsi à financer l’effort de guerre de la Russie en Ukraine.