Entre dépendance fossile et leadership vert : le tournant stratégique de la Chine

« Autrefois, la Chine lançait sa Longue Marche. Aujourd’hui, elle engage une course contre la montre, avec pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060 », raconte Flavia Giovannelli, journaliste à la Fédération des Entreprises Romandes Genève.

Entre dépendance fossile et leadership vert : le tournant stratégique de la Chine
Flavia Giovannelli, journaliste à la Fédération des Entreprises Romandes Genève.

Paradoxale Chine ! D’un côté, elle reste le premier émetteur mondial de CO₂, avec près de douze milliards de tonnes par an – soit deux fois plus que les États-Unis, trois fois plus que l’Europe. Cette empreinte carbone colossale s’explique par une forte dépendance aux énergies fossiles, qui couvrent encore près de 85 % de son mix énergétique.

De l’autre, elle affiche une ambition claire : devenir le numéro un mondial de la transition énergétique. Un paradoxe ? Plutôt une stratégie structurée, à la croisée de l’écologie, de l’économie et de la géopolitique. La Chine veut garantir sa souveraineté énergétique – et elle s’en donne les moyens.

Cela se manifeste déjà dans le solaire, secteur où elle domine l’ensemble de la chaîne de valeur. Près de 80 % de la production mondiale de panneaux photovoltaïques et de leurs composants proviennent aujourd’hui de Chine. Cette avance industrielle répond à un double objectif : réduire sa dépendance au pétrole — dont elle reste le principal importateur mondial — et maîtriser son mix énergétique grâce à des technologies développées sur son propre sol.

La Suisse, dans ce contexte, ne joue certes pas dans la même catégorie. Mais elle peut tirer son épingle du jeu.

Une course contre la montre

Autrefois, la Chine lançait sa Longue Marche. Aujourd’hui, elle engage une course contre la montre. Elle vise la neutralité carbone d’ici 2060, et les premiers signes sont déjà visibles : au premier trimestre 2025, les émissions de CO₂ ont commencé à baisser, malgré une demande d’électricité toujours en hausse, dopée par le boom des renouvelables.

Ce tournant pourrait rebattre les cartes à l’échelle planétaire. Il oppose les anciens champions des énergies fossiles aux nouveaux maîtres de l’électrification. L’essor des technologies bas carbone (solaire, véhicules électriques, pompes à chaleur, etc.) enclenche une dynamique de déploiement accéléré, porteuse de croissance et d’emplois.

Mais toute transition comporte aussi son lot de tensions. Les récentes mesures américaines visant les produits photovoltaïques chinois illustrent l’émergence d’un bras de fer commercial autour des technologies vertes.

La Suisse, dans ce contexte, ne joue certes pas dans la même catégorie. Mais elle peut tirer son épingle du jeu : en misant sur l’innovation, l’agilité industrielle et la sécurité d’approvisionnement, elle peut renforcer son autonomie énergétique.

Il ne suffit plus de suivre le mouvement. Il faut savoir où investir pour devenir un acteur de la transition. Le monde se redessine sous nos yeux. Et pour y trouver notre place, lucidité et flexibilité seront nos meilleurs atouts.

Génial ! Vous vous êtes inscrit avec succès.

Bienvenue de retour ! Vous vous êtes connecté avec succès.

Vous êtes abonné avec succès à SwissPowerShift.

Succès ! Vérifiez votre e-mail pour obtenir le lien magique de connexion.

Succès ! Vos informations de facturation ont été mises à jour.

Votre facturation n'a pas été mise à jour.