L’électrification de l’Europe : un chantier stratégique confronté à de nombreux défis

« Le black-out en Espagne a rappelé une impérieuse nécessité : la robustesse et la bonne gestion des réseaux électriques sont indispensables à la sécurité énergétique de l’Europe », assure Valentin Vigier, responsable de la Recherche Investissement Responsable, La Financière de l’Échiquier (LFDE).

L’électrification de l’Europe : un chantier stratégique confronté à de nombreux défis
Valentin Vigier, responsable de la Recherche Investissement Responsable, La Financière de l’Échiquier (LFDE).

Le black-out survenu le 28 avril en Espagne et au Portugal a ravivé les débats sur la transition énergétique de l’Europe. Si cette panne majeure a relancé les accusations de certains à l’encontre des énergies renouvelables — jugées responsables d’un déséquilibre entre production et demande d’électricité en raison de leur caractère intermittent —, les conclusions de l’enquête n’ont, à ce jour, confirmé aucune piste.

Cet incident a néanmoins rappelé avec force une impérieuse nécessité : la robustesse et la bonne gestion des réseaux électriques sont indispensables à la sécurité énergétique de l’Europe. Et leur financement constitue une priorité.

Investir dans le réseau

L’électrification de l’Europe sera essentielle à la réussite de sa stratégie de transition énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique. Elle constitue également un levier de souveraineté face à la forte dépendance du continent aux énergies fossiles importées. La Commission européenne a d’ailleurs annoncé, le 6 mai dernier, son intention de supprimer les importations de gaz russe d’ici fin 2027, alors que ce dernier représente encore 19 % de la consommation européenne de gaz en 2024.

Pour éviter de substituer une dépendance par une autre — par exemple au gaz naturel liquéfié (GNL) américain —, l’électrification est un impératif. Elle devra d'ailleurs s’accompagner de solutions de stockage d’électricité, d'un déploiement croissant de compteurs intelligents, permettant de lisser les pics de consommation, ainsi que de l'augmentation du nombre de « prosommateurs », ces consommateurs qui produisent eux-mêmes une partie de leur électricité.

La Cour des comptes européenne alerte sur la nécessité de réaliser des « investissements considérables » dans les 27 États membres de l’Union européenne. Son estimation actuelle : 1 871 milliards d'euros d'ici 2050.

Réussir le scénario d’électrification élaboré par l’Agence Internationale de l’Energie constitue un défi titanesque. Il faudra faire passer la part de l’électricité dans la demande énergétique finale de 23 % en 2022 à 57 % en 2050. Parallèlement, la part des énergies renouvelables dans le mix électrique devra progresser de 42 % à 90 % d’ici 2040.

Or, le réseau électrique européen est vieillissant : près de 40 % des 11,3 millions de kilomètres de lignes électriques ont aujourd’hui plus de 40 ans. Ce réseau doit donc être modernisé et étendu pour absorber la vague d’électrification à venir — véhicules électriques, pompes à chaleur, besoins industriels, etc.

La Cour des comptes européenne prévoit, dans son rapport d’analyse, une hausse de 60 % de la consommation d’électricité aux heures de pointe d’ici 2050. Elle alerte sur la nécessité de réaliser des « investissements considérables » dans les 27 États membres de l’Union européenne. Son estimation actuelle : 1 871 milliards d'euros d'ici 2050.

Un défi à taille européenne

Cette modernisation devra s’accompagner du renforcement des interconnexions entre pays, afin de mieux gérer les fluctuations et de générer plusieurs milliards d’euros d’économies chaque année. À titre d’exemple, le projet Golfe de Gascogne, reliant les réseaux français et espagnol, devrait permettre de doubler les capacités d’échange d’électricité et d’éviter la perte de 7 430 GWh d’électricité verte par an, selon RTE.

Face à ces défis, nous sommes convaincus de la nécessité d’accompagner les gestionnaires de réseaux, acteurs clés de cette transformation, à l’image de l’Allemand E.ON, l’un des principaux opérateurs de réseaux en Europe. L’énergéticien a d’ailleurs annoncé un plan d’investissement de 42 milliards d’euros pour moderniser les infrastructures énergétiques européennes d’ici 2028.

Elia, l’opérateur de réseaux en Belgique, développe également des interconnexions transfrontalières pour faciliter l’échange d’électricité entre les pays. Son rôle est déterminant dans le déploiement de projets offshore, visant à connecter les parcs éoliens en mer aux réseaux terrestres. Autre exemple : au Royaume-Uni, National Grid met en place des infrastructures et des solutions pour intégrer davantage d’énergies renouvelables et renforcer la résilience du réseau en lien avec l’Europe continentale.

La transition énergétique constitue l’enjeu majeur du siècle. Investir dans ce secteur d’avenir permettra de répondre à des défis d’envergure.

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