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Appliquer le principe du pollueur-payeur pour faire avancer la finance climatique
Dans le cadre de la COP29, « Plus d’une centaine d’organisations appellent à mettre en œuvre une taxe sur l'extraction des combustibles fossiles », explique Mathias Schlegel, porte-parole pour Greenpeace Suisse.
« En ce qui concerne le financement de la lutte contre le changement climatique, le monde doit payer, sinon l’humanité en paiera le prix. » Tels sont les mots adressés par le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, aux dirigeantes et dirigeants réunis à Bakou pour la COP29. Il rappelle ainsi l’un des principaux objectifs à atteindre pour cette conférence climatique.
Pour décrire cette conférence, de nombreux experts emploient le terme de « COP des finances ». Les discussions qui se tiennent à Bakou jusqu’au 22 novembre doivent notamment permettre de mettre en place un nouveau modèle pour assumer les coûts de la lutte contre le réchauffement climatique. Le nouvel « objectif quantitatif collectif sur le financement du climat », le NCQG, doit non seulement fixer les conditions déterminant qui paiera les coûts croissants de l'action climatique au cours de la prochaine décennie et au-delà, mais aussi du soutien urgent à apporter (ou pas) aux pays et communautés les moins responsables de la crise climatique.
« C’est l’histoire d’une injustice évitable. Les riches sont à l’origine du problème et les pauvres en paient le prix fort», souligne António Guterres. Les pays développés doivent prendre l'initiative en matière de financement du nouvel objectif, sans que leurs contributions soient conditionnées par celles des autres, et sans aggraver l’endettement des pays en développement. Des milliers de milliards de dollars sont nécessaires car les coûts de l'inaction augmentent chaque jour et la justice climatique exige la réparation de torts historiques.
L'accord sur le NCQG lors de la COP29 doit permettre de débloquer les fonds indispensables pour soutenir les besoins urgents et croissants des pays les plus pauvres en matière de financement climatique, qui s'élèvent à au moins 1 000 milliards de dollars par an. Les États africains, regroupés au sein du Groupe africain de négociateurs (AGN), réclament même que 1 300 milliards de dollars par an soient mobilisés d'ici à 2030.
Le NCQG doit reconnaître la nécessité pour les acteurs des différentes industries liées aux combustibles fossiles et les autres secteurs fortement émetteurs de payer pour les dommages et les destructions causés par leurs activités.
Faire payer les plus gros pollueurs
Les coûts du réchauffement climatique doivent être supportés par ceux qui portent la plus grande responsabilité dans le domaine - les pays, les entreprises et les individus les plus polluants - et par ceux qui sont le plus en mesure de payer. Le NCQG doit reconnaître la nécessité pour les acteurs des différentes industries liées aux combustibles fossiles et les autres secteurs fortement émetteurs de payer pour les dommages et les destructions causés par leurs activités.
Une part importante des émissions mondiales peut être attribuée à un nombre relativement restreint de producteurs de combustibles fossiles. Depuis 1988, plus de la moitié des émissions industrielles mondiales de gaz à effet de serre sont imputables à seulement 25 entreprises et producteurs publics. Cependant, les externalités négatives de leurs activités, soit les pertes et dommages résultant du réchauffement climatique, notamment de l’augmentation du nombre et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, ne sont pas prises en compte dans leurs frais. Ce sont les États et les citoyens qui doivent ramasser les morceaux.
Appliquer le principe du pollueur-payeur est une approche équitable afin de collecter les revenus indispensables pour couvrir les coûts liés à l'atténuation, à l’adaptation et aux pertes et dommages. Actuellement, ce n'est pas l'argent qui manque, mais l'absence d'action gouvernementale pour faire payer l'industrie des combustibles fossiles et les autres grands pollueurs. Ce manque d’ambition coûte des vies et menace les libertés fondamentales.
Un bon exemple: la taxe sur les dommages climatiques
Plus d’une centaine d’organisations de la société civile, dont Greenpeace, Stamp Out Poverty, Power Shift Africa et Christian Aid, soutiennent la mise en œuvre d'une taxe sur l'extraction des combustibles fossiles. C’est un exemple concret pour l’application du principe du pollueur-payeur à la finance climatique.
L’objectif est de financer le fonds pour les pertes et dommages. Ce dernier a été rendu opérationnel par les dirigeants mondiaux lors de la COP 28 à Dubaï, mais les 700 millions de dollars promis jusqu'à présent représentent moins de 0,2 % des pertes irréversibles auxquelles les pays en développement sont confrontés chaque année en raison du réchauffement de la planète.
Si elle est introduite dans les pays de l'OCDE en 2024 à un taux initial faible de 5 dollars par tonne d'équivalent CO2 et avec une augmentation de 5 dollars par tonne chaque année, la taxe rapporterait au total 900 milliards de dollars d'ici à 2030.
Du 9 au 12 décembre, Building Bridges accueillera des participants venus de plus de cent pays. Entretien avec Patrick Odier, le président de la manifestation genevoise.
Alors qu'en Europe les esprits changent et que l'idée d'une TVA différenciée selon des critères environnementaux circule dans les hémicycles, Adèle Thorens Goumaz se demande si la Suisse ne devrait pas suivre le mouvement.