Deux modèles opposés s’affrontent. D’une part, les réacteurs EPR, qui misent sur la centralisation de la production avec des unités à forte puissance ; d’autre part, des réacteurs modernes et de petite taille avec une capacité électrique variant entre 10 MW et 300 MW.
« Investir dans les énergies renouvelables s’avère plus rentable que de maintenir le système actuel de subventions aux énergies fossiles. Selon l'ONU, la réduction mondiale de la pollution permettrait d’économiser jusqu’à 4 200 milliards de dollars par an d’ici à 2030 », explique Jean-Yves Pidoux.
La candidate démocrate à la présidence américaine, Kamala Harris, est restée jusqu’ici très discrète sur ses intentions en matière de politique climatique. Selon nombre de médias, la vice-présidente se contente de défendre le bilan de Joe Biden, en particulier son plan d’investissements massifs dans les nouvelles énergies vertes et l’innovation. Mais elle reste vague sur ses projets concrets. Elle entretient une stratégie d’ambiguïté, évitant de prêter le flanc aux critiques d’un Donald Trump qui l’accuse de vouloir détruire l’industrie pétrolière américaine et de renchérir les prix à la pompe à essence.
Revirement sur la fracture hydraulique
Donald Trump diabolise sa rivale alors qu’elle tente de séduire les électeurs clés des États pivots (Swings States), en particulier en Pennsylvanie, un des plus grands producteurs de gaz de schiste. Lors du débat télévisé du 10 septembre, l’ancien président a rappelé que Kamala Harris, alors candidate à l’investiture démocrate, s’était déclarée en faveur de l'interdiction de la fracturation hydraulique, la technologie qui a révolutionné la production de gaz et de pétrole sur sol américain, permettant aux États-Unis de redevenir la première puissance pétrolière mondiale.
Photo de White House, officielle.
Officiellement, Kamala Harris défend la politique du président Joe Biden et ne soutient plus l’interdiction de la fracturation hydraulique. La vice-présidente concentre sa campagne sur le budget des ménages avec l’objectif d’accroître les subventions accordées aux ménages les plus vulnérables en matière de coûts liés à la transition énergétique.
Le revirement de Harris n'a pas calmé les attaques de Donald Trump et du lobby pétrolier. «D'après ce que nous savons de ses positions passées, des projets de loi qu'elle a parrainés et de ses déclarations passées, elle a adopté une position assez agressivement anti-énergie et anti-industrie pétrolière et gazière», déclarait, il y a peu, Anne Bradbury, directrice de l'American Exploration and Production Council (cité dans le «Financial Times»).
Kamala Harris a de solides convictions
Kamala Harris avance avec une prudence de Sioux. Elle fait sienne cette triste devise politique: «Expliquer, c’est s’exposer et perdre». En clair, elle botte en touche pour ne pas rallumer la flamme des démons républicains. Et s’abstient de toute promesse ou propos que les écologistes pourraient interpréter comme une trahison à leur cause.
Mais que l’on ne s’y trompe pas. La candidate Kamala Harris a de solides convictions. Elle possède une longue expérience en matière de questions environnementales. En tant qu’ancienne procureure, elle a mené plusieurs actions contre l’industrie pétrolière et gazière. Selon une enquête approfondie de Inside Climate News, site d’investigation spécialisé sur les questions climatiques, elle a obtenu de vrais résultats.
Ainsi, en 2014, elle s’était opposée au projet d’expansion de la raffinerie de Chevron à Richmond dont les émissions soufrées dépassaient les limites imposées par la loi. Le géant pétrolier a dû redimensionner son projet pour se conformer aux directives de l’administration de l’État de Californie. Celle que l’on décrit souvent comme trop discrète a montré qu’elle savait défendre ses convictions sans se compromettre; son opposition à Chevron l’a exposé aux critiques des syndicats et d’une partie des élus démocrates qui défendaient le projet Chevron au nom des emplois créés.
Son élection serait importante pour la planète
Reste que c’est sur la scène internationale que l’action de Kamala Harris pourrait être décisive pour l’avenir de la planète et du climat. La vice-présidente a été l’émissaire de Joe Biden dans les pays en développement. Elle y a défendu l’idée d’un «Plan Marshall» destiné à financer la transition écologique de ces pays, tout en relocalisant une partie de l’industrie verte dans le but de réduire la dépendance mondiale envers la Chine, qui aspire à dominer ce secteur stratégique. Alors que Donald Trump qualifie le changement climatique de «canular» et rejette toute nouvelle initiative, Kamala Harris semble convaincue que l’effort doit être à la fois national et international.
C’est toutefois dans son propre pays que la partie sera la plus délicate et controversée. Si le plan Biden a relancé les investissements dans les technologies vertes grâce à d’importantes subventions, il demeure insuffisant pour atteindre les objectifs fixés par la Maison-Blanche: réduire de 50 à 52% les émissions d’ici à 2030. Selon l’Agence américaine de protection de l’environnement, la baisse pourrait n’atteindre que 35 à 43%.
Des sources proches de Kamala Harris laissent entendre que, si elle est élue, elle pourrait proposer des objectifs plus ambitieux. Il lui faudra cependant réussir là où l’administration Biden a échoué: prouver qu’une politique climatique peut être efficace sans pénaliser le pouvoir d’achat quand trois quarts des Américains déclarent dans les sondages tout ignorer des investissements et des enjeux du plan Biden.
Enfin, tout «plan Marshall vert» est incompatible avec une politique économique protectionniste et isolationniste qui semble rallier une large majorité chez les Républicains et les électeurs démocrates.
Cette chronique est également parue dans les colonnes de 24 Heures et Tribune de Genève.
« Investir dans les énergies renouvelables s’avère plus rentable que de maintenir le système actuel de subventions aux énergies fossiles. Selon l'ONU, la réduction mondiale de la pollution permettrait d’économiser jusqu’à 4 200 milliards de dollars par an d’ici à 2030 », explique Jean-Yves Pidoux.
« Le nucléaire est un sujet qui divise, empreint d’émotions et de débats politiques. Face aux défis de la transition énergétique et à nos besoins croissants en électricité, pouvons-nous nous permettre d’exclure définitivement cette technologie », questionne Michael Frank, directeur de l’AES.
« La Suisse est engagée dans une transition énergétique ambitieuse. Fondé sur l’électrification croissante de notre société, ce changement impose une modernisation en profondeur des infrastructures énergétiques du pays », explique Thomas Lier, responsable du GEFISWISS Energy Transition Fund.
Au lieu d’envisager des coupes dans le financement de la recherche et du soutien aux start-up, la Confédération devrait investir davantage et accélérer la transition du pays vers des énergies renouvelables.