« Dans le domaine des transports et de l’énergie, quelles opportunités offrent réellement les données et quelles en sont les limites », questionne Matthias Finger, cofondateur de Swiss Economics et professeur émérite à l’EPFL.
Sur le principe, l’accord obtient très nettement le soutien affirmé de la branche. Sa mise en œuvre nationale suscite en revanche davantage de réserves au sein du secteur énergétique.
Entre synergies et blocages régulatoires : le casse-tête du partage des données
« Dans le domaine des transports et de l’énergie, quelles opportunités offrent réellement les données et quelles en sont les limites », questionne Matthias Finger, cofondateur de Swiss Economics et professeur émérite à l’EPFL.
Tout le monde semble s’entendre sur le fait que les données (« data ») sont devenues le «nouvel or». Cette affirmation nécessite toutefois d’être concrétisée : dans le domaine des transports et de l’énergie, quelles opportunités offrent réellement les données et quelles en sont les limites ? Car même si le discours dominant affirme que leurs usages ne sont limités que par notre imagination — ou, plus exactement, par notre capacité à innover — le fait est qu’il faudra toujours en définir des cas d’usage concrets.
De manière simplifiée, l’exploitation des données poursuit deux grands types d’objectifs : d’une part, l’optimisation des opérations au sens large — incluant la planification et la construction des infrastructures — et d’autre part, le développement de services destinés aux clients. Dans le premier cas, les données servent avant tout à améliorer l’efficience opérationnelle ; dans le second, elles visent principalement à enrichir les produits et les services. Il apparaît toutefois clairement que ces deux types d’usages ne mobilisent ni les mêmes données ni forcément les mêmes acteurs.
Synergies à mettre en place
Dans les deux cas, les opportunités n'en restent pas moins énormes, ne serait-ce qu’en se limitant aux synergies possibles entre les secteurs du transport et de l’énergie.
S’agissant de l’optimisation des opérations, le partage des données de transport permettrait de mieux affiner les prévisions de la demande en électricité. Que ce soit pour les véhicules, les opérateurs de transports publics, les gestionnaires de parkings ou même les usagers eux-mêmes, ce partage permettrait de mieux planifier la localisation des bornes de recharge ou des parkings solaires pour voitures, scooters et vélos électriques. À titre d'exemple, une compagnie exploitant des bus électriques pourrait mieux optimiser les périodes de recharge en fonction des prix de l’énergie, notamment dans le cadre de tarifs dynamiques.
Du côté des services, une meilleure gestion des données par les distributeurs d’électricité ouvrirait la voie à de nouveaux modèles : les constructeurs automobiles pourraient, par exemple, développer des services de restitution d’énergie au réseau — le fameux « Vehicle-to-Grid » (V2G). Ces services pourraient par ailleurs être intégrés aux applications de conseil aux voyageurs, voire différenciés selon la part d’énergie décarbonée utilisée.
En définitive, tout partage de données suppose que chaque participant y trouve un intérêt économique, autrement dit un modèle d’affaires viable.
Besoin de régulations simplifiées
Pourquoi, dès lors, le partage des données n’est-il pas plus répandu ? Les arguments le plus souvent avancés relèvent de la protection des données personnelles (risques de surveillance ou de profilage) et de la sécurité (menace de cyberattaques).
S’y ajoute une certaine complexité technique. Elle comprend un manque d’interopérabilité, une absence de standards communs ou encore une coexistence malheureuse de normes concurrentes entre opérateurs. Tout cela sans parler de la fragmentation des données et du fait que certaines ne sont que partiellement disponibles, de mauvaise qualité ou simplement obsolètes.
Mais ces explications, à mon sens, masquent des limites et obstacles plus fondamentaux. Elles relèvent de phénomènes organisationnels et, plus précisément, du comportement stratégique des utilisateurs. En définitive, tout partage de données suppose que chaque participant y trouve un intérêt économique, autrement dit un modèle d’affaires viable.
Or, les acteurs déjà établis disposent à la fois d’un avantage certain dans leur exploitation et d’un besoin moindre pour en acquérir de nouvelles. À l’inverse, les petits ou nouveaux entrants, soit ceux qui auraient le plus à gagner de l’accès aux données, sont souvent ceux qui en disposent le moins.
Cette asymétrie de pouvoir entre utilisateurs freine non seulement le partage des données, mais aussi l’émergence de services véritablement innovants, situés à l’interface entre secteurs et acteurs — dans notre cas, entre services de transports publics et fournisseurs d'énergie.
Pour y remédier, il faudrait des tiers capables de créer les conditions, ou plutôt les incitations, favorables au partage. Or, la plupart des initiatives visant à créer des « data spaces » (« espaces de données ») se distinguent jusqu’à présent plus par une complexification des règles et régulations permettant le partage des données que par leur facilitation.
Cette thématique fera l’objet d’une conférence lors de la première édition du Forum Swiss Economics, le jeudi 20 novembre 2025 (détails).
Sur le principe, l’accord obtient très nettement le soutien affirmé de la branche. Sa mise en œuvre nationale suscite en revanche davantage de réserves au sein du secteur énergétique.
« Les PFAS ne constituent pas un risque abstrait, mais une menace tangible qui demande des réponses fondées sur la science, à travers des analyses les plus approfondies possibles », explique Henri Klunge, ingénieur chimiste et fondateur d'Alcane Conseils.