Du 9 au 12 décembre, Building Bridges accueillera des participants venus de plus de cent pays. Entretien avec Patrick Odier, le président de la manifestation genevoise.
Alors qu'en Europe les esprits changent et que l'idée d'une TVA différenciée selon des critères environnementaux circule dans les hémicycles, Adèle Thorens Goumaz se demande si la Suisse ne devrait pas suivre le mouvement.
L'élimination du CO₂ fait face à sa principale gageure: son prix
Quel sera notre « budget d'élimination du carbone » pour la planète? Dans leur étude, Ben Caldecott et Injy Johnstone ont tenté d'en évaluer les coûts.
Pour limiter l'augmentation de la température moyenne de la planète à moins de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, voire idéalement à 1,5 °C, l’humanité fait face à un double défi : réduire massivement ses émissions de gaz à effet de serre, mais aussi en éliminer une grande quantité de l’atmosphère.
Si, sur le papier, la voie est tracée depuis quelque temps, il reste encore à quantifier les efforts nécessaires. Actuellement, on sait assez bien quels seront les niveaux d’émissions de CO₂ à ne surtout pas dépasser. En revanche, le potentiel d’élimination du carbone (CDR) reste un domaine d'analyse moins maîtrisé.
Que ce soit à l’aide de solutions naturelles comme la restauration des forêts ou de solutions technologiques comme la capture et le stockage du CO₂, deux chercheurs de l'Université d'Oxford, Ben Caldecott et Injy Johnstone, ont voulu établir quels en seraient les coûts. Ils ont cherché à déterminer quel sera notre « budget d'élimination du carbone » (CRB) pour la planète.
Les avantages d’établir un CRB seraient nombreux à commencer par aider les États à trouver un bon équilibre entre la réduction des émissions de CO₂ et leur élimination. Sur un plan plus macroéconomique, il stimulerait le développement d’une infrastructure réglementaire et fiscale favorable. En somme, le CRB fournirait des orientations et des garde-fous utiles aux acteurs publics et privés durant cette période de transition.
2️⃣
L’évaluation actuelle du CRB mondial présente un déficit à court terme. Autrement dit, les capacités actuelles d'élimination du carbone sont insuffisantes pour respecter la trajectoire établie par le GIEC. Les auteurs estiment qu'entre 2025 et 2100, le monde sera confronté à un déficit d'absorption de carbone de 49 gigatonnes de CO₂ dans un scénario où le réchauffement est maintenu à environ 1,5 °C.
3️⃣
Cette situation implique la nécessité d'accroître rapidement les investissements dans les solutions existantes d’élimination du carbone, tout en tenant compte des limitations géophysiques, environnementales, technologiques, économiques, institutionnelles et socioculturelles qu'elles impliquent.
4️⃣
Pour établir ce budget d'élimination du carbone, de nombreuses approches sont possibles, telles que celles basées sur la population, les besoins en développement ou encore les émissions historiques des pays et des secteurs. Pour une allocation optimale, les deux auteurs appellent à la négociation : « Les seuils pour ces niveaux de prix et de volumes au sein du CRB mondial pourraient être négociés chaque année par les Parties à l’Accord de Paris ».
5️⃣
Pour les États, l’avantage d’un CRB sera double. Premièrement, il permettra d’établir au niveau national la nécessité de mettre en œuvre des objectifs d’élimination de CO₂, puis de négocier de manière transparente une répartition équitable des obligations (mais aussi des opportunités) au niveau international. Pour les acteurs privés, établir un « budget d'élimination du carbone » les aidera à identifier les points forts et faibles de leurs plans de transition et, en fin de compte, à générer un puissant moteur d’investissement pour l’économie.
À titre de conclusion, les deux scientifiques rappellent que l’objectif principal doit rester celui de diminuer nos émissions de CO₂. Selon les deux auteurs, si l'absorption doit se faire à plus grande échelle, la première priorité des entreprises et des gouvernements qui souhaitent éliminer le carbone devrait être de réduire les émissions.
Du 9 au 12 décembre, Building Bridges accueillera des participants venus de plus de cent pays. Entretien avec Patrick Odier, le président de la manifestation genevoise.
Alors qu'en Europe les esprits changent et que l'idée d'une TVA différenciée selon des critères environnementaux circule dans les hémicycles, Adèle Thorens Goumaz se demande si la Suisse ne devrait pas suivre le mouvement.