SwissPowerShift : Avenir et fêtes de fin d'année
Souhaitant faire preuve d'une totale transparence, sachez que je vous tiendrai régulièrement informés sur le futur du site par l'entremise de notre page LinkedIn.
Une récente étude publiée dans « Nature Communications » montre que, à lui seul, le secteur touristique était en 2019 responsable de 8,8 % du réchauffement climatique d’origine anthropique.
Les vacances de Noël approchent. S’il est encore un peu tôt pour préparer ses valises, une grande majorité de la population a déjà choisi entre le ski et la fondue en station ou le sable chaud et les vahinés sur une île paradisiaque. C’est un fait : le tourisme connaît une nouvelle explosion. « Le rebond du tourisme après la pandémie a été rapide, et le tourisme mondial devrait à nouveau dépasser les 20 milliards de voyages en 2024 », peut-on lire dans « Nature Communications ».
Cependant, cette soif de voyages, cette envie d’ailleurs si humaine, n’est naturellement pas sans conséquences pour la planète. Les données manquent, ou plutôt sont incomplètes à une échelle mondiale, pour en estimer clairement les impacts. En utilisant les profils de dépenses touristiques de 175 pays, une récente étude a cherché à établir une véritable base de données permettant de déterminer les empreintes carbone du tourisme mondial et national.
Couvrant la période 2009-2020 et intitulée « Facteurs responsables des émissions de carbone du tourisme mondial », l’étude alerte sur une croissance qu’elle juge insoutenable pour le climat. En voici les points clés :
Les dernières estimations fournies par l'Association du transport aérien international (IATA) montrent que le secteur aérien a largement retrouvé son dynamisme depuis la pandémie. En 2024, il a accueilli plus de 4,89 milliards de passagers, générant des résultats cumulés de 965 milliards de dollars et un bénéfice net de 31,5 milliards. Les prévisions pour 2025 anticipent la poursuite de cette croissance rapide, avec 5,2 milliards de passagers attendus et un chiffre d'affaires pour l'ensemble du secteur dépassant, pour la première fois, le seuil symbolique des 1 000 milliards de dollars.
En dépit de ce redressement spectaculaire, une certaine frustration persiste au sein du secteur. En effet, le secteur pourrait se porter encore mieux si les constructeurs livraient les avions commandés. « La plus grande frustration pour les compagnies aériennes réside dans l'incapacité de Boeing, Airbus, GE, Rolls-Royce et Pratt & Whitney à livrer les avions et les pièces détachées nécessaires », soulignait Willie Walsh, directeur de l'IATA. « C’est une situation inacceptable, et rien n'indique que cela s'améliorera en 2025. Cela semble parti pour durer plusieurs années. » O.W.
Les conclusions de l'étude ne sont pas très positives, tant elles montrent que l’industrie du tourisme a fait très peu de progrès en matière de réduction des émissions. Et après le bref répit du Covid, la courbe est de nouveau fortement ascendante. Les auteurs de l’étude prévoient une augmentation annuelle des émissions de 3 à 4 % selon les tendances actuelles. « Cette évolution représente un défi insurmontable pour le secteur du tourisme, qui doit s’aligner sur l’objectif de limitation du réchauffement climatique à +1,5 °C, tel que défini dans l’Accord de Paris. Or, pour atteindre cet objectif, il faudrait que les 5,2 Gt d’émissions de CO₂ diminuent de 10 % par an d’ici 2050 », indiquent-ils.
Croire qu’il suffirait simplement de pousser tous les pays à réduire leur volume de touristes est illusoire, selon les experts. L’approche est jugée injuste et inéquitable. « Le GIEC suggère qu’une « contribution équitable » à l’atténuation des émissions doit tenir compte de quatre éléments : l’égalité, la responsabilité, la capacité et la rentabilité », peut-on lire dans l’étude. L’urgence concerne naturellement les vingt destinations touristiques les plus émettrices au monde, en particulier les États-Unis, la Chine et l’Inde. « Si les 20 principales destinations avaient réduit leur taux de croissance du tourisme de 1 % par an entre 2009 et 2019 (passant de 5,9 % à 4,9 % de croissance annuelle aux prix courants), elles auraient pu réduire leurs émissions de CO₂ de 0,38 Gt en 2019. Cela aurait représenté à lui seul une réduction de 7 % des émissions mondiales du tourisme. »
En ce qui concerne les services publics et la motorisation touristique privée, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a évalué les alternatives pour atténuer les émissions dans ces deux domaines. L’électrification de la mobilité, dans un réseau électrique entièrement décarboné, offre quelques raisons d’être optimiste.
En revanche, sur le plan du transport aérien, ce dernier demeure le talon d’Achille des émissions mondiales du secteur touristique. Faudrait-il limiter la possibilité de voyager en avion ? La question se pose, car, selon les auteurs de l'étude, « se concentrer sur la limitation de la croissance continue du transport aérien international, plutôt que sur le tourisme intérieur, offrirait une approche plus équitable sur le plan social ». Ces derniers estiment, en tout cas, qu'il est urgent d’établir des mesures ciblées, telles que « les taxes sur le CO₂, les budgets carbone et les obligations en matière de carburants alternatifs ».