WattAnyWhere : un générateur tournant à l'éthanol pour une énergie propre et décentralisée

« De l’électricité, partout. » La start-up valaisanne porte bien bien son nom, au regard des ambitions qu’elle nourrit avec sa technologie, conçue pour répondre aux défis de la transition vers les énergies renouvelables.

WattAnyWhere : un générateur tournant à l'éthanol pour une énergie propre et décentralisée
À une époque où l’on ne cesse de parler de batteries et de générateurs de secours en cas de panne généralisée, qu’est-ce que l’imposant générateur propose de si révolutionnaire ? La réponse tient en un mot : l’éthanol. @WhattAnyWhere

Installé sur le campus Energypolis à Sion, un imposant générateur ne passe pas inaperçu. L’appareil est actuellement en phase de test, une étape essentielle pour une jeune pousse valaisanne au nom peu anodin : WattAnyWhere.

« De l’électricité, partout. » La start-up porte pourtant bien son nom, au regard des ambitions qu’elle nourrit avec sa technologie, conçue pour répondre aux défis de la transition vers les énergies renouvelables. « Mais si WattAnyWhere veut réellement fournir des watts partout, elle compte bien les produire de manière vertueuse », précise Alexandre Laybros. 

De Lucerne à Sion

Avec ses acolytes Didier Roux, Patrick Brennan, Philippe Ruez et Olivier De Bruijn, il fait partie des cofondateurs de cette jeune pousse au parcours atypique. « WattAnyWhere se distingue par le profil non conventionnel de ses fondateurs : celui de seniors issus de l’industrie, qui ont identifié un marché de niche dans la chaîne de valeur de l’énergie », explique Eric Plan, secrétaire général de Cleantech ALPS.

« Nous avions constaté que le réseau était saturé dans de nombreuses régions et que les compagnies électriques ne disposaient plus de capacité supplémentaire sans devoir entreprendre de longs et coûteux travaux », explique Alexandre Laybros.

Pour les cinq partenaires, les affaires sérieuses commencent fin 2020, lors d’un congrès sur l’énergie à Lucerne. Ils s’y rendent après une longue réflexion sur le secteur des énergies renouvelables et une analyse approfondie des rapports de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), afin de déterminer comment ils pourraient apporter leur pierre à l’édifice. « Nous avions constaté que le réseau était saturé dans de nombreuses régions et que les compagnies électriques ne disposaient plus de capacité supplémentaire sans devoir entreprendre de longs et coûteux travaux », explique Alexandre Laybros.

L’objectif de leur présence au Forum Européen de la Pile à Combustible (EFCF) est clair : identifier les meilleures compétences en Europe dans ce domaine. Ils se tournent rapidement vers l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) afin de bénéficier de son expertise reconnue dans les piles à combustible à oxyde solide. « Nous en avions besoin pour concrétiser nos idées et donner vie à notre générateur », affirme Alexandre Laybros. Un accord est alors conclu entre les entrepreneurs, Innosuisse, l’EPFL et le Valais, un canton devenu stratégique pour le développement de la future société.

En deux décennies, le campus Energypolis, proche de la gare de Sion, est devenu un pôle central pour les cleantechs en Suisse (romande). De gauche à droite, From left to right: Alexandre Laybros, Patrick Brennan, Didier Roux, Olivier de Bruijn, Jeremy Toto (légèrement derrière), Julie Veya et Philippe Ruez. @WhattAnyWhere

Depuis sa création, en 2021, la jeune pousse s’est en effet installée à Sion sur le campus Energypolis. En deux décennies, le site proche de la gare est devenu un pôle central pour les cleantechs en Suisse (romande). Il accueille aujourd’hui de nombreuses start-up aspirant à se faire une place dans le domaine des énergies renouvelables. « Dans cet esprit de développement collaboratif, l’écosystème valaisan a coché toutes les cases et a motivé l’équipe de s’implanter sur le campus Energypolis », se réjouit Eric Plan.

Technologie révolutionnaire

À une époque où l’on ne cesse de parler de batteries et de générateurs de secours en cas de panne généralisée, qu’est-ce que l’imposant générateur propose de si révolutionnaire ? La réponse tient en un mot : l’éthanol. Contrairement aux installations classiques fonctionnant au gaz, voire parfois à l’hydrogène, celle de WattAnyWhere parvient à convertir ce liquide issu des résidus de biomasse en électricité. 

L’un des principaux atouts du bioéthanol est sa densité, quasi similaire à celle de l’essence. « Il est donc facilement stockable et, contrairement à l’hydrogène, sa production actuelle est largement suffisante pour répondre aux besoins — on parle de 10 milliards de litres, soit environ 36 TWh », explique le cofondateur de la jeune pousse franco-valaisanne.

Cerise sur le gâteau, 92 % de la matière se transforme en eau. Certes, il s’agit d’eau déminéralisée et donc impropre à la consommation, mais elle reste parfaitement utilisable pour de nombreux usages, tels que les sanitaires, le refroidissement des centres de données ou encore le lavage automobile en station. « Notre générateur sera d’autant plus précieux dans les régions touchées par la sécheresse », souligne Patrick Brennan.

« WattAnyWhere présente de belles perspectives, à condition de réussir son passage à l’industrialisation et son intégration dans les chaînes de valeur existantes », explique Eric Plan, secrétaire général de Cleantech ALPS.

Entre la première maquette, réalisée à l’époque dans leurs locaux à l’EPFL, et le générateur actuellement en phase de test en Valais, la start-up n’a cessé d’améliorer son modèle. Alors que la première version ne produisait que 350 W, le passage à un générateur intégrant dix piles à combustible a permis d’atteindre une puissance de 12 kW. Un projet en cours avec Shell, visant une capacité de 600 kW à 1 MW, montre qu’il subsiste un joli potentiel de progression. « L’avantage d’une énergie conteneurisée est qu’elle est non seulement facilement transportable, mais aussi empilable », explique Alexandre Laybros.

Source d’énergie décentralisée

À l’instar de certaines énergies renouvelables et en accord avec les modèles de Distributed Energy Resources (DERs) promus par l’Agence internationale de l’énergie, le générateur de WattAnyWhere répond à la demande actuelle d’une énergie peu coûteuse, décentralisée, disponible au plus proche du consommateur.

Sans pour autant avoir pour ambition de jouer le rôle d’un Gestionnaire de Réseau de Distribution (GRD), la start-up perçoit sa solution comme un soutien au réseau, une offre complémentaire visant à pallier les limites des acteurs traditionnels, confrontés depuis quelques années à des pressions croissantes, notamment en hiver.

Logiquement, les aires et stations d’autoroutes apparaissent comme une destination privilégiée pour les générateurs développés par WattAnyWhere. @WhattAnyWhere

Logiquement, les aires et stations d’autoroutes apparaissent comme une destination privilégiée pour les générateurs développés par WattAnyWhere. Ces derniers permettront aux véhicules électriques de recharger leur batterie simultanément et à pleine puissance, sans devoir renforcer le réseau électrique.

Les cinq fondateurs ne comptent toutefois pas s’arrêter en si bon chemin et envisagent déjà de nombreuses autres applications pour leur technologie. « Chaque endroit ou industrie éloigné des réseaux électriques ou utilisant des batteries de stockage pourrait représenter un client potentiel pour nous », explique Alexandre Laybros.

Selon Eric Plan, WattAnyWhere présente de belles perspectives, « à condition de réussir son passage à l’industrialisation et son intégration dans les chaînes de valeur existantes. »

Des investisseurs convaincus

Le potentiel de WattAnyWhere se confirme au regard des fonds déjà levés. Depuis sa création, la jeune pousse est déjà parvenue à récolter des fonds pour un total de 5 millions de francs. Lors de sa dernière levée de fonds, l’été dernier, la start-up a reçu le soutien d’investisseurs suisses, mais aussi d’autres établis en France, en Norvège, aux Pays-Bas, aux États-Unis et dans plusieurs autres pays. « Ces soutiens valident notre approche en matière de solutions énergétiques et préparent le terrain pour une expansion future significative », estime Patrick Brennan.

En 2025, afin de poursuivre l’amélioration de sa technologie, de la tester sur le terrain puis d’atteindre le plus vite possible la phase de commercialisation, la start-up prévoit une levée de fonds en série A.

Génial ! Vous vous êtes inscrit avec succès.

Bienvenue de retour ! Vous vous êtes connecté avec succès.

Vous êtes abonné avec succès à SwissPowerShift.

Succès ! Vérifiez votre e-mail pour obtenir le lien magique de connexion.

Succès ! Vos informations de facturation ont été mises à jour.

Votre facturation n'a pas été mise à jour.