« Alors que les discours alarmistes fleurissent, ils ont pour point commun la menace d’une perte de contrôle d’un domaine stratégique pour la Suisse », alerte Dominique Rochat, responsable de projets Energie & infrastructures pour la faitière Economiesuisse.
Forer plus profond et plus chaud : telle est, selon la société Quaise Energy et son PDG Carlos Araque, la clé de l’avenir de la géothermie profonde. Des États-Unis à l’Europe en passant par la Suisse, les initiatives géothermiques se multiplient, portées par de nouvelles avancées technologiques.
Accord sur l'électricité : quand les pôles opposés s’attirent, la vérité finit par disjoncter
« Alors que les discours alarmistes fleurissent, ils ont pour point commun la menace d’une perte de contrôle d’un domaine stratégique pour la Suisse », alerte Dominique Rochat, responsable de projets Energie & infrastructures pour la faitière Economiesuisse.
Il est soutenu par des politiciens de gauche comme de droite, par l’économie, par la branche concernée ainsi que par les cantons. Tous soulignent son importance pour la sécurité future de l’approvisionnement énergétique de la Suisse. Ce rassembleur, c’est « l’accord sur l’électricité » conclu avec l’Union européenne.
Mais, comme dans les albums d’Astérix, un petit village gaulois lui résiste : il réunit des personnalités aux orientations politiques diamétralement opposées. Alors que les discours alarmistes fleurissent, ils ont pour point commun la menace d’une perte de contrôle d’un domaine stratégique pour la Suisse. Pourtant, à y regarder de plus près, nombre de leurs arguments sont contredits par le texte même de l’accord, dont ils passent sous silence l’importance pour notre propre sécurité d’approvisionnement.
Mise à l’écart coûteuse du système européen
« Tout va bien, pourquoi changer ? », argumentent les adversaires de l’accord sur l’électricité. En réalité, tout change — et tout ira moins bien si rien n’est fait. Située au cœur de l’Europe électrique, la Suisse se trouve pratiquement mise à l’écart du système mis en place par ses voisins, fondé sur un marché intégré. Cette situation pénalise nos producteurs et fragilise notre sécurité d’approvisionnement.
Si nos barrages contribuent à l’équilibre du réseau européen, la Suisse a impérativement besoin d’importer de l’électricité en hiver — ce fut le cas lors de 18 des 20 dernières années.
Or depuis 2025, les pays européens réservent 70 % des capacités de leurs réseaux transfrontaliers à leurs propres échanges. La Suisse n’est donc plus prise en compte, ce qui crée un risque quant à la disponibilité du courant dont nous aurons besoin, perturbe le fonctionnement de notre réseau et renchérit les coûts pour les consommateurs. De plus, cette situation pousse à surdimensionner les réserves, là encore aux frais des clients suisses.
Les garde-fous de l'accord
La fourniture d’électricité est, à juste titre, considérée comme un domaine hautement sensible. La Suisse a obtenu, dans l’accord, le maintien du rôle central des collectivités publiques dans ce secteur : cela figure noir sur blanc dans les premiers articles.
Ainsi, les entreprises électriques et les pouvoirs publics resteront majoritaires au sein de Swissgrid, le gestionnaire du réseau à haute tension. Rien ne change pour les cantons et les communes, qui conserveront la propriété des distributeurs d’électricité, et les collectivités concernées pourront continuer à les administrer.
La Suisse restera également maîtresse de son or blanc. L’accord ne prévoit aucune restriction concernant la force hydraulique. Les collectivités demeureront entièrement souveraines pour l’attribution des concessions comme pour la fixation des redevances hydrauliques. Les dispositions européennes en la matière ne font pas partie de l’accord. Plus généralement, la Suisse conserve une totale liberté pour définir sa politique énergétique, préservant ainsi les compétences des cantons.
Les Suisses seront-ils livrés sans défense aux requins de l’électricité ? C’est l’épouvantail régulièrement brandi — à tort — par les adversaires de l’accord. Le texte prévoit en effet que la Suisse puisse garantir un approvisionnement de base pour les petits clients, à des prix régulés. Une pratique qui correspond à celle de nombreux États membres de l’UE. Le Conseil fédéral propose par ailleurs des règles très favorables aux petits consommateurs, qui conserveront en tout temps la possibilité de rester auprès de leur fournisseur local ou d’en choisir un concurrent.
Approvisionnement en temps de crise
L’accord améliore fortement la sécurité d’approvisionnement, puisqu’il précise que les connexions transfrontalières devront rester ouvertes, y compris en cas de crise. Cela supprime l’épée de Damoclès que constitue aujourd’hui un réseau de transport européen réservé en priorité aux membres de l’UE.
La Suisse pourra également maintenir des réserves d’électricité, dont le dimensionnement tiendra compte de ses particularités nationales et sera défini par une autorité suisse. Cette disposition restera valable indépendamment d’éventuelles évolutions du droit européen. En parallèle, notre pays devra tenir compte des dispositions européennes relatives aux réserves — une exigence justifiée afin d’éviter la création de distorsions.
De plus, l’accord reconnaît les principaux instruments de soutien existants dans le domaine de l’électricité, destinés au développement des énergies renouvelables. Les polémiques sur la suppression de ces aides ne découlent donc pas de l’accord en lui-même, mais de la mise en œuvre interne proposée par le Conseil fédéral. La seule retouche nécessaire consistera à supprimer les soutiens lorsque les prix sont négatifs, une mesure plus que souhaitable.
Sortir du repli sur soi
L’électricité est appelée à devenir le pilier de l’approvisionnement énergétique de notre pays, ce qui implique de mobiliser tous les moyens nécessaires pour garantir la sécurité d’approvisionnement. L’accord conclu avec l’Europe constitue l’une des mesures essentielles pour y parvenir. Il l'est d'autant plus que la Suisse a obtenu une solution sur mesure, qui lui garantit l’accès aux ressources électriques du continent et assure la coordination de son système avec celui de ses voisins, tout en préservant ses spécificités.
Face à ces enjeux, un débat public est indispensable. Mais il doit dépasser le simple rejet épidermique de l’Europe et l’usage d’arguments sans lien avec le résultat des négociations. Le repli sur soi, l’autarcie ou l’idéologie ne nous aideront en rien à assurer une fourniture d’électricité fiable et à coût abordable pour les entreprises, les services publics et les citoyens.
Forer plus profond et plus chaud : telle est, selon la société Quaise Energy et son PDG Carlos Araque, la clé de l’avenir de la géothermie profonde. Des États-Unis à l’Europe en passant par la Suisse, les initiatives géothermiques se multiplient, portées par de nouvelles avancées technologiques.
« Dans le domaine des transports et de l’énergie, quelles opportunités offrent réellement les données et quelles en sont les limites », questionne Matthias Finger, cofondateur de Swiss Economics et professeur émérite à l’EPFL.