COP30 : À Belém, il ne s’agit pas seulement de négocier des textes, mais de raviver un élan

« Le Brésil souhaite orienter les négociations vers « l’implémentation », autrement dit passer des engagements aux actes », souligne Pierrette Rey, porte-parole du WWF Suisse.

COP30 : À Belém, il ne s’agit pas seulement de négocier des textes, mais de raviver un élan
Pierrette Rey, porte-parole du WWF Suisse. DR

Il y a dix ans, dans le cadre de l’Accord de Paris, le monde a fait une promesse : limiter le réchauffement climatique nettement en dessous de 2 °C et viser, si possible, 1,5 °C. Cet engagement n’était pas une simple déclaration diplomatique, mais l’expression d’un choix civilisationnel : préserver les écosystèmes ainsi que les conditions permettant une vie humaine prospère sur Terre.

Aujourd’hui, nous savons que cette trajectoire est mise à rude épreuve. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne diminuent pas au rythme nécessaire, et la planète semble se diriger vers un réchauffement supérieur à 2,8 °C. La Suisse, quant à elle, se réchauffe environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale, selon plusieurs études.

Transition énergétique en cours

Pourtant, il serait prématuré de parler d’échec. Car en une décennie, un changement notable s’est amorcé : le monde a entamé sa transition énergétique — plus rapidement, d’ailleurs, qu’on ne pourrait le penser au premier abord. Rappelons qu'à l’époque de la signature de l’Accord de Paris, les projections indiquaient un réchauffement d’environ 4 °C.

En 2024, près de 90 % des nouvelles capacités de production électrique installées dans le monde proviennent de l’éolien et du solaire. Pour l'année en cours, les investissements dans les énergies renouvelables devraient être environ deux fois plus élevés que ceux consacrés au pétrole, au gaz et au charbon. Les coûts du photovoltaïque, quant à eux, ont chuté de près de 70 % en dix ans, rendant cette technologie non seulement judicieuse d'un point de vue économique, mais aussi beaucoup moins chère que les alternatives fossiles.

Et la Suisse, dans tout cela ? Notre pays dispose des atouts pour jouer un rôle moteur, mais il doit désormais aligner ses ambitions avec ses capacités.

Côté automobile, là aussi, une évolution positive se dessine : une voiture sur cinq vendue aujourd’hui est électrique, contre une sur cent il y a une dizaine d’années. Ce renversement est profond. Il montre que la transition énergétique n’est plus une utopie : elle est déjà notre réalité. Et elle s’impose naturellement, car elle est devenue moins coûteuse, plus performante, tout en générant des emplois, de l’innovation et une plus grande souveraineté énergétique.

Accélérer le mouvement

Reste désormais à accélérer. Et c’est précisément là que la COP30, organisée à Belém, prend une dimension singulière. Pour la première fois, un sommet climatique mondial se tient aux portes de la forêt tropicale, soit là où se joue une partie de l’avenir du climat et de l’humanité. Le Brésil souhaite orienter les négociations vers « l’implémentation », autrement dit passer des engagements aux actes. Ils implique une sortie progressive des énergies fossiles, un déploiement massif des renouvelables, une amélioration de l’efficacité énergétique, une protection des écosystèmes et des droits pour les populations locales, ainsi qu’un financement équitable en faveur des pays les plus vulnérables.

Et la Suisse, dans tout cela ? Notre pays dispose des atouts pour jouer un rôle moteur, mais il doit désormais aligner ses ambitions avec ses capacités. Le développement du solaire et de l’éolien reste trop lent, et notre contribution financière internationale doit être renforcée.

Le WWF attend notamment de la Suisse qu'elle s’engage à fournir au moins 3 milliards de dollars dans le cadre du financement climatique annuel prévu à partir de 2035 — un montant qui, malgré son importance, demeure largement inférieur aux besoins mondiaux estimés. Accélérer, ce n’est pas se charger d’un fardeau : c’est saisir une opportunité historique.

Alors oui, la tâche est immense. Oui, le chemin ne sera pas rectiligne. Et oui, les intérêts fossiles s’opposent — et s’opposeront — avec une résistance farouche. Mais l’histoire avance. Et elle avance vite.

Le coût de l'inaction

La réalité est simple : la transition énergétique a un coût, mais l’inaction en a un bien plus élevé. Et ce coût se manifeste déjà de manière spectaculaire : canicules, sécheresses, effondrement des glaciers, pression accrue sur les ressources hydriques, pertes agricoles. Dans l’Union européenne, les conditions météorologiques extrêmes ont généré des pertes estimées à 43 milliards d’euros pour la seule année 2025, en raison des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations. D’ici 2029, ces pertes pourraient atteindre 126 milliards d’euros, soit environ 0,8 % du PIB de l’UE.

À l’inverse, chaque franc investi dans la transition crée des emplois locaux, réduit notre dépendance aux énergies importées, renforce notre sécurité énergétique et stimule l’innovation. Le solaire sur nos toits et nos façades, l’éolien correctement planifié, les réseaux électriques intelligents, un air plus sain grâce à la mobilité électrique — alors que la pollution atmosphérique cause encore des milliers de décès chaque année — tout cela n’appartient pas à un futur lointain. C’est notre présent. Il suffit juste de le mettre en œuvre.

Alors oui, la tâche est immense. Oui, le chemin ne sera pas rectiligne. Et oui, les intérêts fossiles s’opposent — et s’opposeront — avec une résistance farouche. Mais l’histoire avance. Et elle avance vite.

À Belém, il ne s’agit pas seulement de négocier des textes. Il s’agit de raviver un élan, de consolider un cap, de rassembler autour d’un projet positif : celui d’une économie qui protège le vivant au lieu de le détruire, qui libère au lieu d’enfermer, qui construit au lieu de défendre l’indéfendable.

Ce que nous devons affirmer à Belém est limpide :
Nous ne reculons pas.
Nous avançons.
Nous avons les solutions.
Nous avons la technologie.
Nous avons la responsabilité.

Et surtout : nous avons l’opportunité. Le moment est venu de la saisir.

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