Electricité : L'adaptation du taux du WACC suscite la colère au sein de la branche

Lors de sa séance du 12 février 2025, le Conseil fédéral a finalement approuvé son projet de modification de la méthode de calcul du WACC (Weighted Average Cost of Capital, ou coût moyen pondéré du capital en français).

Electricité : L'adaptation du taux du WACC suscite la colère au sein de la branche
Toutes les statistiques convergent vers la même conclusion : il faudra augmenter les investissements pour développer et adapter le système électrique suisse. DR

En consultation pendant plusieurs mois en 2024, la modification de l’ordonnance sur l’approvisionnement en électricité suscitait de nombreuses inquiétudes parmi les producteurs et fournisseurs d’électricité en Suisse. Son principal objectif était de revoir la méthode de calcul du WACC (Weighted Average Cost of Capital, ou coût moyen pondéré du capital en français).

Lors de sa séance du 12 février 2025, le Conseil fédéral a finalement approuvé son projet de modification, arguant notamment qu’il devrait permettre « une économie de 124 millions de francs pour les consommateurs d’électricité à partir de 2026. » Grâce à une nouvelle méthode de calcul, lorsque les taux seront bas, le WACC devrait diminuer plus fortement qu’auparavant.

Pour rassurer le secteur, le gouvernement indique, dans un communiqué, que le WACC ne devrait plus fluctuer de manière excessive en période de taux élevés ou bas. Selon lui, cela devrait garantir « la sécurité de planification pour les investisseurs, même lors de phases de taux extraordinaires. »

Les électriciens en colère

Au mois de novembre, Christian Petit lançait un signal d’alarme : « Ne faisons pas un pari sur le court terme pour simplement soulager un peu la facture de nos clients en réduisant des investissements fondamentaux pour l’avenir. » témoignait alors l’ex-CEO de Romande Energie. Il mettait en garde contre le fait qu’un changement de la formule de calcul du WACC pourrait contraindre la branche à investir différemment.

« La méthode actuelle du WACC, qui régit le calcul du rendement du capital, a fait ses preuves. Introduite en 2014, elle garantit la sécurité juridique et la sécurité des investissements », assure l'Association des entreprises électriques suisses (AES).

« Nous n’investissons pas seulement dans le réseau électrique, mais aussi dans des capacités de production. Si les rendements des ouvrages de production devenaient durablement plus attractifs que ceux des réseaux, nous pourrions être enclins à privilégier ces placements, avec le risque de sous-investir dans les infrastructures électriques », alertait-il, ajoutant que cette situation représenterait « un arbitrage dangereux pour la sécurité de la Suisse ».

La décision de Berne a donc suscité une vague de colère parmi les producteurs et fournisseurs d’électricité en Suisse. L'Association des entreprises électriques suisses (AES) a exprimé ses regrets face à une décision qu’elle estime motivée uniquement par des considérations politiques, plutôt que par des éléments objectifs et concrets. « La méthode actuelle du WACC, qui régit le calcul du rendement du capital, a fait ses preuves. Introduite en 2014, elle garantit la sécurité juridique et la sécurité des investissements », peut-on lire dans une prise de position.

Des effets trompeurs et contre-productifs

L'attractivité du WACC, dont le taux évolue suivant le prix des électrons disponibles sur les marchés, est considéré comme cruciale pour préserver l’attrait des investissements dans le réseau. Or, une chose est désormais certaine : il faudra augmenter les investissements afin de développer et d’adapter le système électrique suisse aux nouvelles réalités du marché, notamment en lien avec l’essor des énergies renouvelables.

La volonté politique semble donc clairement naviguer à contre-courant, répondant notamment aux pressions exercées par les fédérations de défense des consommateurs. Depuis des années, la Fédération romande des consommateurs (FRC), alliée à Konsumentenschutz et à l’ACSI, se bat pour une telle baisse. « La méthode de calcul a conduit ces dernières années à une surestimation systématique du taux de WACC », affirme-t-elle.

L’AES met en garde contre des effets trompeurs et contre-productifs : « Les investissements viendront à manquer, et il faudra également s’attendre à un déplacement des capitaux vers l’étranger ou d’autres secteurs, ce qui se traduirait, au final, par des coûts de financement plus élevés et, par conséquent, par des infrastructures plus coûteuses », explique l’association.

L’association va même plus loin en évoquant un « péril, non seulement pour la stratégie énergétique et climatique, mais aussi, et surtout, pour la sécurité d’approvisionnement de la Suisse. » De son côté, Christian Petit avertissait, en fin d’année dernière, qu’il fallait éviter un scénario où « le réseau deviendrait le parent pauvre du système. »

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