Du 9 au 12 décembre, Building Bridges accueillera des participants venus de plus de cent pays. Entretien avec Patrick Odier, le président de la manifestation genevoise.
Alors qu'en Europe les esprits changent et que l'idée d'une TVA différenciée selon des critères environnementaux circule dans les hémicycles, Adèle Thorens Goumaz se demande si la Suisse ne devrait pas suivre le mouvement.
Sept ans après une première édition, CleantechAlps publie un nouveau panorama présentant l’évolution de l’écosystème des start-ups actives dans le développement durable. « Au vu du contexte international, nous avions suspecté une accélération des activités dans les cleantechs. Mais, faute de données sérieuses et actualisées, il était difficile d’en saisir l’ampleur. Il était donc devenu nécessaire pour nous de nous remettre à l’ouvrage afin d’établir un nouvel état des lieux », raconte Éric Plan.
Secrétaire général de l’association basée à Sion, ce dernier rappelle que les start-ups sont le meilleur moyen de « sentir le pouls d’un secteur économique et la vitalité de son innovation ». Dans un ouvrage d'environ 120 pages, CleantechAlps propose un panorama très complet de l’écosystème à l'aide de nombreuses statistiques mais aussi la présentation d’un nombre assez conséquent et surtout diversifié d’acteurs qui le composent.
On vous résume le tout en quelques points clés.
1️⃣
Rappel historique : Le rapport commence par un rapide retour dans le passé afin de comprendre comment la Suisse, et plus spécifiquement certains cantons, ont réussi à se démarquer au fil des années. Entre 2000 et 2005, le secteur était marginal avec seulement 12 jeunes pousses actives dans le développement durable. Il faut attendre 2010 pour voir le secteur vraiment décoller. Comme l’indiquent les auteurs de l’étude, la hausse de leur nombre n’est pas « linéaire mais corrélée à des événements marquants » comme Fukushima, les accords de Paris ou en Suisse, la Loi sur la stratégie énergétique.
2️⃣
Analyse du portefeuille de start-ups : L’étude approfondie montre les secteurs les plus actifs. Au total, 615 jeunes pousses ont été recensées durant la période 2000-2023. Fait intéressant, 90 % des start-ups sont encore actives, ce qui montre un taux de faillite limité, bien que toutes ne deviendront pas des licornes. Les auteurs se sont aussi penchés sur d’autres éléments tels que l’évolution de leurs affaires, de leur technologie et de leur nombre d’employés.
3️⃣
Investissements : Dans le monde des start-ups, l’argent est le nerf de la guerre. Sur 15 ans, les jeunes pousses ont levé 3 milliards de francs, dont 600 millions par la seule Climeworks. Toutefois, ces chiffres mirobolants cachent une réalité complexe : l’accès aux fonds reste une gageure, surtout pour les jeunes cleantechs qui font face à une double vallée de la mort, cette période où les revenus ne couvrent pas les dépenses et où le besoin de lever des fonds est urgent.
4️⃣
Problèmes de recensement : Les auteurs soulignent l’absence en Suisse d’un système de recensement centralisé et systématique permettant de suivre l’évolution de l’écosystème. « Ce manque de données de qualité est dommageable. Il est toujours plus difficile de courir après les données que d’organiser leur collecte à la source. Ce déficit freine la progression de l’écosystème et nuit à la compétitivité globale de la Suisse. »
5️⃣
Portraits de start-ups : Le panorama présente un large panel de start-ups. Bien que l'objectif ne soit pas de présenter toutes les sociétés de l'écosystème, les auteurs ont veillé à proposer un échantillon diversifié. Cela concerne notamment le secteur dans lequel elles sont actives (agritech, écomobilité, efficacité énergétique, eau, etc.), mais aussi leurs marchés cibles et les régions où elles se sont installées. Cela permet d'avoir une vision complète de la situation et de constater le rôle important de certains cantons comme Vaud ou le Valais pour la Suisse romande.
Dans le domaine des cleantechs, la Suisse dispose d’une richesse incontestable et mondialement compétitive. Mais pour s’imposer et rester à la pointe de l’innovation, l’enjeu des fonds sera crucial. « On peut agir, on doit agir, on va agir… La question est simplement combien de temps allons-nous encore attendre », concluent les auteurs du panorama.
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