Du 9 au 12 décembre, Building Bridges accueillera des participants venus de plus de cent pays. Entretien avec Patrick Odier, le président de la manifestation genevoise.
Alors qu'en Europe les esprits changent et que l'idée d'une TVA différenciée selon des critères environnementaux circule dans les hémicycles, Adèle Thorens Goumaz se demande si la Suisse ne devrait pas suivre le mouvement.
Quels seront les coûts des futurs réseaux électriques?
Bloomberg New Energy Finance vient d'actualiser ses données. Les coûts de transport et de distribution de l'électricité augmenteront mais la facture du consommateur pourrait rester constante.
C'est l'un des sujets les plus discutés du moment. Quel sera le coût d'adaptation des réseaux électriques ? Le consommateur doit-il s'attendre à une hausse de sa facture ? Bloomberg New Energy Finance (BNEF), une des sociétés les plus réputées en matière de conseils, vient de mettre à jour ses scénarios de transition énergétique. Et de consacrer un rapport spécifique aux réseaux électriques. Voici quelques enseignements utiles.
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Triplement des investissements Selon le scénario zéro émission nette en 2050, les investissements annuels dans les réseaux atteindront 811 milliards de dollars d’ici 2030, grâce à la croissance très forte des énergies vertes, des véhicules électriques et d’autres technologies à faible émission de carbone. Selon BNEF, ces investissements sont trois fois supérieurs à ceux consentis en 2023.
Dans un scénario de transition où les investissements sont plus lents et ne sont réalisés que sur le seul critère de la rentabilité économique, le montant des dépenses atteindra 483 milliards de dollars d’ici 2030, soit une croissance de 58 % par rapport à l’investissement moyen observé au cours des quatre premières années de cette décennie. Pour mémoire, dans ce second scénario de BNEF, le réchauffement climatique ne respecte pas l’Accord de Paris ; le réchauffement moyen est de + 2,6 °C.
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Doubler la longueur des réseaux de transport Dans le scénario net zéro de BNEF, le réseau de transport d’électricité au niveau mondial double, notamment pour relier les endroits reculés où l’on construit de gigantesques parcs solaires ou éoliens, en particulier dans les déserts.
Dès le milieu du siècle, trois quarts de l’électricité produite dans le monde proviendront du solaire et des éoliennes. « Le réseau de distribution, le réseau à basse tension qui alimente généralement les consommateurs en électricité, s’allonge moins rapidement, mais de nouveaux câbles sont nécessaires. La flexibilité côté demande et les batteries à petite échelle réduisent le besoin de développement du réseau de distribution », écrivent les experts de BNEF.
3️⃣
L'importance du numérique L’arrivée massive des énergies renouvelables et le fait que les consommateurs deviennent également des producteurs d’électricité sont deux éléments qui modifient la nature des réseaux. Par le passé, comme l’écrivent les experts de BNEF, la production était injectée dans le réseau de transport, puis distribuée via des câbles. Aujourd’hui, les cellules solaires sur les toits injectent l’électricité dans le réseau, ces flux deviennent plus complexes et les technologies numériques contribuent à équilibrer et à maintenir les réseaux tout en les sécurisant.
Selon BNEF, en moyenne 12 % des dépenses d’investissement du réseau électrique entre 2024 et 2050 seront consacrées aux technologies numériques. Il s'avère toutefois que l’investissement consacré au numérique soit encore plus important. Les exploitants de réseaux risquent en réalité de devoir investir davantage de moyens, notamment chez leurs fournisseurs de logiciels et dans le cloud (nuage numérique) ; les investissements en capital deviennent en réalité des frais d’exploitation.
« Cela pose un défi réglementaire : dans la plupart des pays du monde, les entreprises de réseau électrique obtiennent un rendement sous forme de pourcentage fixe sur leurs investissements en capital ; ce qui signifie que le transfert des dépenses d’investissement vers les dépenses d’exploitation nécessite un nouveau type de régime comptable », indique les auteurs du rapport de BNEF.
4️⃣
Pas d'augmentation automatique de la facture d'électricité Les nouveaux investissements dans les réseaux devraient pratiquement doubler en Europe et aux États-Unis (l’augmentation sera plus forte en Asie et ailleurs). Mais selon BNEF, on ne peut pas en déduire que la part facturée aux consommateurs doublera de manière similaire. Si les investissements dans le réseau augmentent au même rythme que la demande, les tarifs resteront plus ou moins constants.
Le fait est que la plupart des sociétés de réseau du monde entier amortissent leurs investissements sur 30 à 45 ans. À cela s'ajoute l'essor des énergies renouvelables. Etant donné qu'il ne s’accompagne pas de frais pour le combustible (le soleil et le vent sont gratuits), il pourrait contribuer à réduire la part de l’énergie dans les factures des consommateurs.
Du 9 au 12 décembre, Building Bridges accueillera des participants venus de plus de cent pays. Entretien avec Patrick Odier, le président de la manifestation genevoise.
Coup de théâtre et signe des temps: la conférence internationale convoquée à Busan en Corée du Sud sur ce sujet s’est terminée au petit matin du 2 décembre 2024 sur un échec.