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Transition énergétique : la Norvège en quelques chiffres totalement fous
Dès l'an prochain, le pays scandinave ne devrait plus vendre une seule voiture neuve à essence. Cependant, ses ambitions à devenir un modèle de croissance verte restent entachées par sa dépendance au pétrole.
Depuis des années, la Norvège s’efforce de se positionner en tant que modèle de croissance verte. Ses avancées sont indéniables, mais elles sont contrebalancées par une autre réalité : sa production massive d’énergies fossiles. Le pétrole et le gaz naturel, issus des nombreuses installations off-shore, font de la Norvège l'un des principaux producteurs mondiaux.
Cette contradiction se reflète dans les statistiques ci-dessous.
92 %
Un rapport publié en 2022 par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) montre que, en matière de consommation énergétique, la Norvège occupe une place unique au monde. En effet, l’électricité représente près de la moitié de la consommation totale du pays, soit la part la plus élevée parmi les pays membres de l’AIE. Cette consommation électrique repose principalement sur des ressources durables, notamment grâce aux vastes quantités d’énergie hydroélectrique disponibles en Norvège. Actuellement 92 % des besoins électriques norvégiens sont couverts par l’hydroélectricité, avec une capacité installée de 1 441 MW répartie entre des centaines de petites centrales (chiffres de 2023). Représentant 3,2 % de la production hydroélectrique mondiale et 21,3 % de celle de l'Europe, la Norvège se classe au 7e rang mondial et en tête en Europe pour la production hydroélectrique.
- 30 %
Pour faire face aux enjeux climatiques, la Norvège vise à réduire sa consommation globale d'énergie de 30 % d’ici 2030 par rapport à 2015. Le gouvernement concentre ses efforts sur le secteur industriel, qui est le plus énergivore avec 44 % de la consommation totale. Des initiatives d’efficacité énergétique et le remplacement des combustibles fossiles par des énergies renouvelables reçoivent un soutien significatif de l’État. Dans le secteur immobilier qui représente 34 % de la consommation énergétique, la Norvège a également pour objectif de réduire la consommation de 10 térawattheures (TWh) d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2015.
11
Au large de la côte ouest de la Norvège, onze turbines géantes forment l'impressionnante ferme Hywind Tampen, la plus grande au monde, offrant au pays scandinave une capacité de 88 mégawatts (MW). Depuis plusieurs années, la Norvège investit massivement dans l’éolien, en mettant particulièrement l'accent sur l’éolien offshore. L'objectif est d’atteindre une puissance de 30 gigawatts d'ici 2040, ce qui permettrait non seulement de doubler la production d'électricité actuelle, mais aussi de réduire considérablement la pollution générée par son industrie gazière et pétrolière. Les MW produits par Hywind Tampen sont en effet spécifiquement destinés à couvrir une partie des besoins de cinq plateformes en mer du Nord, dont les infrastructures fonctionnent actuellement au diesel ou au gaz. Leur électrification permettra à la Norvège de diminuer l’impact carbone de son exploitation pétrolière.
87%
Voilà tout le paradoxe de la Norvège : bien qu'elle aspire à devenir un modèle de croissance verte, son poids dans l’exploitation des énergies fossiles reste plus que significatif. Disposant de vastes réserves de pétrole et de gaz naturel, elle en exporte la majeure partie. Selon l'AIE, cette manne énergétique permet au pays scandinave d’exporter 87 % de sa production énergétique. Actuellement, la Norvège est classée au septième rang mondial des producteurs de gaz naturel, fournissant 3 % de la consommation mondiale, et son pétrole représente 2,3 % de la production mondiale. Cette situation irrite les défenseurs de l'environnement. « En raison de l'importance de l'hydroélectricité chez nous, la Norvège exporte presque toute sa production d'énergies fossiles, au point de devenir l’un des plus grands exportateurs mondiaux. Malgré nos beaux discours environnementaux et notre prétendue success story avec les voitures électriques, nous contribuons directement au problème des changements climatiques », déclarait Frode Pleym, leader de Greenpeace Norvège, dans les pages du quotidien canadien « Le Devoir ».
17 milliards
Malgré les critiques visant son industrie pétrolière, la Norvège ne prévoit pas de réduire ses activités dans ce secteur. Bien au contraire, des projets d'une valeur de plus de 200 milliards de couronnes norvégiennes (17 milliards d’euros) sont actuellement en cours de développement. L'année dernière, le ministère du Pétrole et de l’Énergie a approuvé 19 projets pétroliers et gaziers, représentant une valeur totale de plus de 200 milliards de couronnes. Ce financement vise non seulement à augmenter les capacités des installations existantes, mais aussi à construire trois nouvelles infrastructures pour exploiter de nouveaux gisements. Toutefois, sous la pression des ONG Greenpeace et Natur og Ungdom, une décision de justice norvégienne a temporairement suspendu le développement de ces trois nouveaux gisements, en attendant une décision définitive sur la validité des licences d'exploitation. Cette suspension a été saluée comme « une victoire totale pour le climat face à l'État norvégien » par Frode Pleym, le leader de Greenpeace Norvège, dans une déclaration à l'AFP.
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