Transition énergétique : et si la Suisse osait enfin prendre quelques risques

Au lieu d’envisager des coupes dans le financement de la recherche et du soutien aux start-up, la Confédération devrait investir davantage et accélérer la transition du pays vers des énergies renouvelables.

Transition énergétique : et si la Suisse osait enfin prendre quelques risques
Olivier Wurlod, journaliste et co-fondateur de SwissPowerShift.

Les alertes viennent de toutes parts. Que ce soit des milieux universitaires, du monde de la recherche, des start-ups actives dans les cleantechs ou d’associations et d’organisations qui les soutiennent, un cri d’alarme unanime se fait entendre concernant la volonté du gouvernement de réduire ses dépenses.

Pour mémoire, Berne envisage de réduire son budget de plus de trois milliards dès 2027, puis de 4 milliards trois ans plus tard. Pour y parvenir, elle a élaboré une soixantaine de mesures couvrant l’ensemble de ses services, des mesures qui menacent non seulement l’avenir de l’innovation suisse, mais également notre capacité à tenir nos engagements climatiques.

Coupes prévues dans la recherche

Pour économiser 400 millions de francs entre 2026 et 2030, le Conseil fédéral propose notamment de réduire de 10 % le financement du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS). Une réduction similaire est prévue pour Innosuisse, l'une des agences qui soutient les jeunes pousses du pays.

Les conséquences s’annoncent désastreuses, avertissent Swissuniversities (faîtière des hautes écoles et universités), le Conseil des EPF, le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), Innosuisse et l’Académie suisse des sciences. Rien que pour la FNS, ces propositions fédérales entraîneraient l’annulation du financement de 700 projets de recherche et, potentiellement, la suppression de 2000 postes destinés aux jeunes chercheuses et chercheurs.

L’organisme de soutien aux start-up évoque, pour sa part, une baisse de 30 millions de francs dans l’allocation destinée aux entrepreneurs en herbe. Et ces économies ne représentent que les deux premiers arbres d’une forêt de mesures qui impacteront les nombreux dispositifs de soutien à la recherche déployés au sein des départements et offices fédéraux.

Un triste manque de vision

Il est difficile de le nier : la politique bernoise s’annonce non seulement malheureuse, mais également contre-productive. Dans cette logique de réductions budgétaires, nos conseillers fédéraux préfèrent jouer avec l’avenir de notre pays et compromettre sa véritable force : ses cerveaux. Quel manque de vision à long terme.

La Suisse a pourtant une carte réelle à jouer dans le domaine des cleantechs et de la transition énergétique. Nous hébergeons notamment plus de 600 start-up qui s’efforcent de développer leurs idées et technologies, offrant ainsi à notre pays l’opportunité de se faire une place sur la scène internationale. Après la banque, la pharma et l’horlogerie, les cleantechs pourraient devenir le nouveau pilier de l’innovation et de la croissance en Suisse.

Mais cela exigerait d’investir sans tarder, car nous ne sommes pas les seuls engagés dans la course aux énergies propres. « La Suisse joue un jeu dangereux, menaçant de briser en quelques mois une dynamique positive qui dure depuis près de deux décennies », déplore Eric Plan, Secrétaire général de la plateforme CleantechAlps.

Parier dès aujourd'hui sur un rôle prépondérant de la Suisse dans la transition énergétique s'avérera payant à long terme et constituera une source de prospérité future.

En temps normal, il faudrait laisser cet écosystème faire ses preuves par lui-même, sans intervention financière du secteur public. Cependant, il suffit de parcourir le dernier rapport du GIEC ou de suivre l’actualité pour se rendre compte de l’urgence à agir.

Contrairement à ce que suggère Avenir Suisse dans une récente prise de position, il ne s’agit pas d’accroître le rôle de l’État – bien au contraire – mais d’accélérer la transition énergétique du pays en soutenant les PME et les start-up actives dans le domaine des cleantechs.

Investir sur l'avenir

La bonne nouvelle, c'est que la Suisse dispose des ressources nécessaires pour instaurer une politique plus ambitieuse dans le secteur des cleantechs. À l'échelle internationale, son taux d’endettement figure parmi les plus faibles au monde.

Naturellement, il ne s’agit pas non plus de lâcher totalement les chiens, et de s’assurer que la Suisse conserve le contrôle de ses finances. Il est primordial d’éviter de se retrouver dans la situation d'un pays comme la France, aujourd’hui complètement asphyxiée par une dette publique abyssale.

Cependant, un brin de souplesse budgétaire serait judicieux face à l'urgence climatique. Cette approche se justifie d'autant plus qu'à terme, les enjeux écologiques prendront également une dimension économique. Parier dès aujourd'hui sur un rôle prépondérant de la Suisse dans la transition énergétique s'avérera payant à long terme et constituera une source de prospérité future.

Les estimations actuelles évaluent la valeur du marché mondial des cleantechs à environ 2 500 milliards de dollars américains. Certes, il convient de prendre ce type d'extrapolations avec précaution, mais il est indéniable que l'énergie renouvelable demeure la seule voie d'avenir. En Suisse, nous avons cette chance unique d’avoir les moyens de nos ambitions. Alors saisissons-la et osons enfin prendre quelques risques.

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